Un texte signé Patryck Ficini

- Perkins H.T.
Titres alternatifs : Brochette de Rats pour Fred Baron !

chroniques-infernales

L’Artiste frappe les 3 coups

« Il se retourna, frissonna. La horde de rats était là, présente au rendez-vous. Des milliers de petits yeux cruels fixaient Hiraki. Et lentement, inexorablement, les rats avançaient vers l’homme… à la manière d’un film au ralenti. » (P.16)

Etonnant H.T. PERKINS ! Avec L’ARTISTE FRAPPE LES 3 COUPS, il n’hésite pas à nous écrire une simili préquelle des RATS de JAMES HERBERT ! Oui, enfin, si on veut car ce petit roman d’espionnage a sans doute dû être écrit une demi-douzaine d’années avant l’oeuvre magistrale du Maître anglais ; sans doute PERKINS peut-il être considéré comme un précurseur… pour ceux qui gardent un certain sens de l’humour. Le nombre élevé de coquilles, qui gênent un peu la lecture, permettra aux grincheux un rapprochement avec LES RATS DE MANHATTAN, sympathique petit post-apo d’un BRUNO MATTEI sous influence, mais vraie série Z.
L’ARTISTE FRAPPE LES 3 COUPS (ne pas se fier au titre bateau et à la couverture hideuse !) est une nouvelle aventure de FREDERIC BARON, super agent secret bien connu des fidèles lecteurs de SUEURS FROIDES. On nage en pleine série B : PERKINS fait dans le non-style simpliste mais efficace. Il parvient néanmoins, assez incroyablement, à pondre quelques belles scènes et à peindre une chouette ambiance indienne.

Que demander de plus ?

Et bien : un complot international fondé sur une invasion de rats féroces (avec des scènes d’épouvante très réussies malgré une évidente économie de moyens) , des mendiants assassins qui évoquent les terribles DACOÏTS de FU MANCHU et BOB MORANE, un savant fou au service du SPECTRE de PERKINS : le THUNDER, des cérémonies sacrificielles en l’honneur de KALI tout droit sorties d’un pulp grande cuvée. C’est bien simple : on n’est plus dans l’espionnage un peu routinier à la PAUL KENNY, mais dans un vrai roman d’aventures à la HENRI VERNES (en moins bien écrit quand même), avec héros qui se déguise et passage secret, deux poncifs du roman populaire qui ne font pas peur à PERKINS, pour notre plus grand plaisir !

Un extrait savoureux, garanti d’époque :

« Aurora se débattait farouchement entre ses deux tortionnaires. Elle tentait en des gestes puérils de voiler sa nudité, ne la rendant que plus provocante. » (P.107)

Pour échapper à ses ennemis, BARON utilise une ruse apprise chez un lama tibétain : il se provoque un arrêt du coeur pour faire croire à sa mort – dans le pur style DIABOLIK !
FRED BARON fait penser à un JAMES BOND de série B, à mille lieues de l’espionnage un peu terne souvent d’usage à l’époque (car pas assez fou). On imagine KEN CLARK dans le rôle. Ou BELMONDO, futur BOB SAINT-CLARE qui prêta bien involontairement ses traits à GOLDRAKE/GOLDBOY, inaltérable espion de la B.D de gare italienne. BELMONDO dans un sous JAMES BOND, on n’a pas fait qu’en rêver !
L’ARTISTE FRAPPE LES 3 COUPS s’achève en beauté, par un cyclone, un naufrage et des rats brûlés par centaines.
PERKINS, cette fois, a mis le paquet ! Aventure exotique + horreur animale ; au total : une aussi bonne surprise que LA PRETRESSE DU DIABLE, du même auteur. On aurait bien tort de traiter ce petit roman par le mépris.

« Le professeur vivait dans un monde à part, fait de fantasmes, d’ectoplasmes et de rats. » (P. 180)

Informations


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

Share via
Copy link