Un texte signé Chrystelle Cavaglia

Etats-Unis/Hong-Kong - 1980 - Robert Clouse
Titres alternatifs : The Big Brawl
Interprètes : Jackie Chan, Kristine De Bell, José Ferrer, Rosaline Chao, Mako, Ron Max

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Le Chinois

Henning Mankell fait partie de ces romanciers qui ravi les amateurs de polars venus du Nord. Créateur de l’inspecteur Wallander, ce prolifique auteur a également signé des livres de littérature générale, des ouvrages pour enfants, des pièces de théâtre et même les adaptations télévisuelles de certaines de ses œuvres, notamment…Wallander. LE CHINOIS est l’un de ces romans les plus récents, paru en Suède en 2008 et en 2011 en France. Au vu du succès international rencontré par le passage de Wallander du livre au petit écran, qu’il s’agisse de la version originale ou du remake anglais avec Kenneth Branagh, il n’est pas étonnant de voir un autre de ses ouvrages adapté. Ici, point de héros récurrent mais une histoire développée sous forme d’un diptyque de trois heures au total.
Suède, 2006. L’ensemble des habitants d’un hameau reculé, hormis deux personnes, est retrouvé mort. Les 19 victimes ont toutes été tuées par la même main, armée d’un sabre. Petit à petit, les enquêteurs se rendent compte que les cadavres appartenaient tous à la même famille, du nom d’Andrèn. Vivant à Stockholm, la seule Andrèn survivante, une juge qui a perdu ses parents dans la tuerie, ne se satisfait pas de l’enquête officielle et décide de mener la sienne…
Découvrir un téléfilm européen permet de voir un peu où en sont nos voisins en termes de fiction. Si les anglais sont les rois de la petite lucarne de notre continent, les danois les talonnent de plus en plus près depuis quelques années. Mais que sait-on de la Suède (hormis, justement, la réussite de WALLANDER ?), de l’Allemagne et de l’Autriche, si ce n’est que ces deux derniers pays sont friands de policier momifiés évoluant au cours d’intrigues mollassonnes confites dans le formol ?
LE CHINOIS est un polar ambitieux, déroulant une enquête à cheval sur plusieurs continents et plusieurs siècles. Ne lésinant pas sur les moyens, la production n’hésite pas à s’exiler aux Etats-Unis et en Asie pour tourner en décor réels. Esthétiquement très soigné, LE CHINOIS est certes réalisé par un téléaste chevronné, il n’en demeure pas moins visuellement réussi. Lumière, cadrages, montage, tous les aspects techniques de la mise en scène sont maitrisés et contribuent à donner au CHINOIS une atmosphère particulière, à la fois proche du film noir et à l’orée du fantastique. Aucun doute, le projet bénéficie d’un budget à la hauteur de ses ambitions. Le point de départ de l’histoire, mystérieux à souhait, promet beaucoup. Comment 19 personnes ont-elles pu être massacrées en si peu de temps et quasiment au même endroit ? Qui pourrait en vouloir autant à une seule et même famille au point d’éliminer tous ses membres ? L’enquête que mène la juge Andrèn sur le massacre de sa famille va lui faire se replonger dans le passé familial et découvrir des éléments troublants concernant ses ancêtres. Pour nous, spectateurs éloignés des pays du nord, ce postulat est intéressant car il nous permet de découvrir une partie de l’Histoire de nos voisins (l’émigration suédoise aux Etats-Unis, les rapports de cette communauté avec les autres…) à travers des ressorts purement policiers. LE CHINOIS apparaît ainsi comme un projet solide, structuré et soigné. Et puis soudain, les choses se gâtent…Les personnages secondaires sur jouent, la musique sur dramatise les situations à tel point que des moments clés de l’intrigue deviennent risibles et la tournure que prend le scénario révèle assez vite ses limites. Trois heures pour adapter le pavé de Mankell est plutôt une bonne idée, encore faut-il bâtir un scénario aussi tendu et riche que le roman. Hélas, ici, le passionnant discours autour de la mondialisation et de la situation politico-financière de la Chine passe à l’as pour mieux se recentrer sur le côté polar de l’histoire. Pourquoi pas ? Le problème est que le mobile de la tuerie est assez vite éventé et le spectateur n’a plus qu’à souhaiter qu’il s’agisse d’une fausse piste…eh bien non. Aussi creux soit-il, aussi vain soit-il, le mobile deviné depuis la première heure n’est révélé qu’à la toute fin du téléfilm, sans rien apporter de plus. En ajoutant à cela des trajectoires de personnages aux évolutions caricaturales et la présence d’un Michael Nyqvist (bankable depuis son rôle dans l’adaptation de MILLENIUM) sous employé, LE CHINOIS s’avère décevant, que l’on ait lu le livre ou pas.


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- Article rédigé par : Chrystelle Cavaglia

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