Un texte signé Raphaël Garcin

USA - 1990 - George Dugdale, Peter MacKenzie Litten
Interprètes : Mark Jax, Gary Martin, Eartha Kitt, Katie Orgill

retrospective

Living Doll

Les films traitant de la nécrophilie sont toujours à prendre avec des pincettes. D’un côté on a un sujet qui semble super tabou devant l’horreur factuelle, de l’autre quelques films complètement aseptisés qui ne rendent pas justice au thème fortement dérangeant. Living Doll permet-il de toucher ce qui a toujours été soigneusement évité ?
C’est l’histoire du mystérieux Howard, étudiant en médecine, plus particulièrement en autopsie. Il a plutôt une existence de chiotte : il est seul, son unique ami fait des blagues pourries et étale sa vie sexuelle là où le brave Howard n’est bon qu’à endoffer des tartes aux prunes, son patron est un con, son seul contact en dehors de ça est sa proprio qui est tout le temps sur son dos. Mais Howard est amoureux de Christine, une belle fleuriste qui bosse dans l’hosto où il étudie. Un soir la belle Christine est dans un bar avec son homme, et comme toutes les filles bien, elle sort avec un vrai connard (pourquoi c’est toujours comme ça ?). Le lendemain, Howard retrouve Christine sur son lieu de travail comme sujet d’autopsie. Que s’est-il passé ? Howard s’en fout, il vole le corps pour le planquer chez lui et commencer une relation amoureuse avec un cadavre. Ils se marient et passent leurs journées devant la télé. Plutôt apathique comme couple. Howard découvre par hasard que le connard qu’elle se tapait y est pour quelque chose dans sa mort. Notre héros veut alors rendre justice pour sa belle défunte…
Ce film est mitigé. D’un côté il y une ambiance sinistre entre les décors glauques (tout se passe chez Howard ou à la morgue), le jeu de Mark Jax qui sait restituer une ambiguïté mentale progressant vers la démence. L’essentiel du film repose sur ses épaules et il s’en tire plutôt bien. Le cadavre en décomposition de Christine est très bien rendu. Le film joue la carte de la dégénération mentale, avec une bonne dose de mélodrame. La différence entre romantisme et pathologie nécrophilique est définitivement étroite. Alors pourquoi le film paraît-il aussi ennuyeux ? Voilà qui aurait pu être un très bon moyen métrage si le réalisateur n’avait voulu en faire un long. Résultat : de nombreuses scènes analogues se répètent avec une lenteur un peu irritante. Il y a quelque chose de mou dans la réalisation, et cela gâche grandement le film. La moitié aurait pu allégrement être amputée pour ne conserver que l’essentiel. Au lieu de ça, la qualité se perd au milieu du superflu. Cela reste cependant un film correct sur un sujet sensible. Il est cependant surprenant qu’Howard ne connaisse pas les rudiments de la nécrophile. S’il voulait ralentir la décomposition, il aurait dû garder le corps dans un endroit froid et le tremper dans de l’eau tiède pour le réchauffer avant utilisation… hum… hein quoi ? Non j’ai rien dit (merci pour tes précieux conseils Howard, je vais enfin pouvoir coucher avec des filles… « Dead Girls don’t say no ! »).


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- Article rédigé par : Raphaël Garcin

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