Un texte signé Alexandre Thevenot

USA - 1958 - Richard E. Cunha
Interprètes : Richard Travis, Cathy Downs, K. T. Stevens, Tommy Cook

retrospective

Missile to the moon

Après avoir longtemps travaillé seul sur le projet d’une fusée lunaire, Dirk Green se voit contraint par le gouvernement américain, d’arrêter son activité. La conquête spatiale n’est pas affaire d’individu mais de politique ! Pendant ce temps, deux prisonniers qui purgent leur peine dans une prison non loin de là, s’évadent et trouvent refuge dans la fusée. Notre héros s’en aperçoit, et plutôt que de les dénoncer, il va se servir d’eux pour voyager vers la Lune. Un moyen de couper les ponts, pense-t-il. Alors que le départ est imminent, l’ami de Dirk et sa femme se rendent compte que quelque chose de louche se passe. Ils montent alors dans la fusée et sans avoir eu le temps de dire « ouf », la porte se referme sur eux.

Richard E. Cunha a fait une courte carrière dans le cinéma en ne réalisant que sept films entre 1958 et 1964. En cette même année 1958, il réalise trois autres films GIANT FROM THE UNKNOW, LA FILLE DE FRANKENSTEIN et FEMMES DEMONS. Ce dernier film affichait déjà son goût pour le cinéma bis complètement fauché et les figures féminines, puisqu’il contait l’arrivée d’un groupe d’aventuriers sur une île peuplée de femmes sauvages.

MISSILE TO THE MOON est essentiellement connu pour être le remake de CAT WOMEN ON THE MOON (1953) de Arthur Hilton. Les éléments de départ diffèrent mais, au final, on se retrouve toujours avec ces femmes solitaires vivant sur la Lune, dernières descendantes de leur peuple et toujours prêtes à tout pour séduire les hommes ou partir sans eux sur la Terre.

Avouons-le déjà, l’original est une curiosité qui ne présente guère de qualités à cause, en partie, d’un budget qui forçait à suggérer les choses sans les montrer. Ce qui est un comble quand on parle de science-fiction, puisque c’est un genre, surtout dans les années 50, qui aime montrer les éléments du futur. Son remake est un peu pareil sauf qu’il est plus amusant à suivre et cherche à appuyer certains thèmes vus, trop sagement, dans l’original. Ainsi dans CAT WOMEN OF HE MOON, les astronautes parvenaient à une vallée au fond de laquelle se trouvait une sorte de temple ou de palais. Une fois à l’intérieur, on découvrait un décor assez pauvre, un peu austère, loin de respirer la fortune. Dans MISSILE TO THE MOON, le palais est plus richement décoré et les femmes, court-vêtues, n’hésitent pas à aborder les hommes. D’ailleurs, l’une d’entre elles découvrira l’amour, contrecarrant ainsi le plan échafaudé par le groupe. Une autre n’hésitera pas à se laisser aller à une danse légèrement lascive. En bref, le ton légèrement exotique du premier (la musique orientaliste y était pour beaucoup) est complètement réinvesti par le réalisateur pour livrer une vision plus appuyée de ce thème qui fait véritablement le charme du film.

Les rebondissements de l’histoire sont plus dynamiques, et l’exposition, certes un peu longue, ne manque pas de potentiel comique. Ces deux voleurs qui parviennent à s’introduire dans le périmètre de la zone de lancement de la fusée et l’énormité des coïncidences qui s’ensuivent pour que tout le monde parte dans cette fusée, font qu’il est difficile de prendre cela au sérieux. Il est même possible que Richard E. Cunha ait pensé le film comme une sorte de farce, exploitant ainsi un second degré qui fait passer le film plus pour un divertissement léger qu’une curiosité. De ce fait, le résultat est plus à la hauteur de l’ambition que celle entrevue dans le film original. On ne dira pas, toutefois, que c’est réussi puisque les effets spéciaux feront énormément sourire les adeptes de nanars, tout comme la façon de mettre en scène les pouvoirs télépathiques.

Bref, MISSILE TO THE MOON est un film de SF américain des années 50 de plus, assez navrant il faut le dire, mais dont le charme suranné, la légèreté de l’intrigue et l’exotisme de l’imaginaire spatial font qu’on ne peut que l’aimer pour ce qu’il est. Et puis, on ne dira jamais assez combien il est passionnant de se plonger dans un imaginaire antérieur aux premiers pas sur la Lune. Parce que cette science-fiction là, elle, ne marche pas sur les pas de la science mais dans ceux tracés par Georges Méliès avec le VOYAGE DANS LA LUNE, et reste visuellement charmante.


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- Article rédigé par : Alexandre Thevenot

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