Un texte signé Nassim Ben Allal

Corée du Sud - 2009 - Kim Hyeong-Joon
Interprètes : Hye-jin Han, Seung-beom Ryu, Kyung-gu Sol, Ji-ru Sung

asian-scansL'Étrange Festival 2010

No mercy

Le cinéma sud-coréen se porte bien : acclamés au box-office local, les films dépassent souvent les blockbuster hollywoodien en terme d’entrées. Qu’ils soient commerciaux ou artistiques, ces longs-métrages s’exportent également plutôt bien, en festivals internationaux, sorties en salles ou sur le marché du dvd. C’est dans cette situation, pour le moins confortable, que le réalisateur Kim Hyeong-Joon livre son premier film, dont il signe également le scénario.

Le corps mutilé d’une femme est retrouvé près de la rivière Keum. Le légiste Kang Min-Ho se rend sur le lieu du crime pour tenter d’élucider ce meurtre. Rapidement, le suspect numéro 1 (un activiste fou d’environnement) passe aux aveux. Le problème, c’est qu’il a également kidnappé la fille du légiste responsable de son arrestation. Ce dernier, voulant à tout prix retrouver sa fille qu’il n’a pas vu depuis de nombreuses années, va devenir la marionnette d’un criminel beaucoup plus intelligent et pervers qu’il ne le laissait supposer. Manipulé par l’assassin, Kang Min-Ho va néanmoins tenter de mener sa propre enquête et va alors se rendre compte qu’il a déjà par le passé croisé le chemin du criminel…

En terme de vengeance, la trilogie de Park Chan-wook et son épicentre OLD BOY, se pose comme un incontournable. S’il a traumatisé de nombreux spectateurs à travers le monde OLD BOY a également durablement marqué les esprits dans son pays, suscitant une vague de film de vengeances tordues. Dernier avatar en date de ce sous-genre, NO MERCY se positionne d’emblée comme une série B efficace, esthétisante sans pour autant sombrer dans le look publicitaire. Sur un canevas simple, le réalisateur brosse le portrait de deux hommes brisés par des drames qui finiront par se rejoindre et dépasser ainsi le point de non-retour. Ancré dans la réalité quotidienne et sociale du pays, le thriller sert à faire passer un message, la constatation d’un pays fracturé, à deux vitesses, où les inégalités demeurent et se creusent de plus en plus. Ainsi, les intentions de ce premier long sont tout à fait louables et sont très bien intégrées à la narration, permettant de bâtir un suspens parfois déroutant. Malheureusement, à trop vouloir surprendre le spectateur, tout en cherchant à être au moins aussi noir et désespéré dans sa résolution que le chef d’œuvre de Park Chan-wook, NO MERCY s’enlise dans le grotesque, culminant dans un climax couru d’avance au cours duquel sont déclamées des explications fumeuses. Très psychologique, le film aurait gagné à le demeurer jusqu’au bout, tant le face à face entre le tueur et le légiste est un régal de jeu d’acteur et d’écriture. Porté par d’excellents comédiens, efficacement réalisé et monté, NO MERCY souffre d’un scénario inabouti, trop tenté par la comparaison avec ses prédécesseurs pour trouver sa propre voie. C’est vraiment dommage, tant le soin apporté à tous les autres aspects de cette production est visible. Un premier film comme un coup d’essai, à moitié raté, mais qui permet d’espérer quant à la suite de la carrière de ce cinéaste prometteur.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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