Un texte signé André Quintaine

USA - 1981 - Tom McLoughlin
Titres alternatifs : One Dark Night, Nuit Noire
Interprètes : Meg Tilly, Melissa Newman, Robin Evans, Leslie Speights, Donald Hotton, Elizabeth Daily, David Mason Daniels, Adam West...

retrospective

One Dark Night : C’était la nuit noire

One Dark Night (Nuit Noire) est le premier film du réalisateur Tom McLoughlin. Dans cette petite production très typée années 80, il démontre un goût prononcé pour les effets spéciaux. Quelques années plus tard, il confirme d’ailleurs avec l’excellent Vendredi 13 – Chapitre 6 : Jason le mort-vivant, également riche en trucages et qui relançait avec talent la saga du plus célèbre des psychokillers.

Pour ceux qui se posent la question, le film n’a strictement rien à voir avec la sordide chanson sortie deux années plus tard et signée Bérurier Noir (“Il poignarde sa compagne, et s’endort paisiblement, tandis que ses chiens la dévorent… C’était la nuit noire !”), groupe phare de la scène punk et alternative française des années 1980.

Nuit noire - One dark night 02
Nuit noire - One dark night 02

One Dark Night dans le mausolée de Phantasm

One dark night investit plutôt le fantastique. Le métrage dispose d’ailleurs d’une histoire fort intéressante, mélangeant les vicissitudes des adolescents de l’époque avec une thématique à la mode alors : la télékinésie.

Julie est une jeune fille intelligente et sensible. Ses indéniables qualités lui ont permis de séduire Steve, l’un des plus beaux gars du lycée et héros de l’équipe de football. Elle envisage désormais de se faire accepter dans une bande de filles afin d’être comblée de bonheur. Julie s’adresse donc à l’une des fraternités les plus en vue. Un choix qui va s’avérer peu judicieux… En effet, parmi les filles se trouvent Carol, l’ancienne petite amie de… Steve ! Or, la jolie blonde n’a toujours pas tiré un trait sur sa relation avec le séduisant sportif. Pour recouvrer son amour, une seule solution, se débarrasser de Julie. Son examen d’entrée est peut-être l’occasion à saisir pour lui faire passer une nuit noire…

Nuit noire - One dark night 10.jpg
Nuit noire - One dark night 01

T’as vu mes effets spéciaux ?

Il est prévu que cet examen se déroule dans un mausolée que Julie ne doit pas quitter de la nuit. Les chipies comptent bien lui foutre les chocottes jusqu’au petit matin… Malheureusement, elles ont mal choisi le champ de bataille pour jouer leur mauvais tour… En effet, le mausolée vient tout juste d’offrir l’hospitalité à la dépouille de Raymar. Le médium n’attend qu’une chose, qu’un peu de jeunesse batifole autour de son sépulcre pour lui soutirer son énergie vitale et pouvoir revenir d’entre les morts…

One dark night fonctionne en traitant deux éléments en parallèle. Le premier concerne les adolescents qui, par le fruit du hasard, vont à la rencontre de Raymar, l’occultiste.

Ce point est bien exploité par Tom McLoughlin qui octroie une patine indéniablement années 80 au film. Les mecs qui font les beaux sur leur moto, les blousons à l’effigie du lycée, les cheveux permanentés des nanas, les jeans moulants, les rivalités ridicules entre filles, les couleurs vives, la fête foraine et son photomaton (véritable attraction à l’époque…), les inévitables autos-tamponneuses, les bornes d’arcade qui jouent Pacman avalant ses pastilles… C’était ça les années 80. Les ados mordillant une brosse à dents ? Euh non, personne ne faisait ça… c’est une trouvaille signée Tom McLoughlin.

Nuit noire - One dark night 04
Nuit noire - One dark night 01

Un film qui revendique le fantastique

Mais, pour le reste, l’atmosphère de l’époque est parfaitement retranscrite, procurant au film un charme non négligeable.

L’image flatte agréablement l’oeil aussi d’ailleurs, tout comme la musique adaptée au sujet. Ces deux éléments permettent à One dark night d’installer son atmosphère de film d’épouvante plutôt singulière et de se distinguer d’une bonne partie de la production de l’époque.

Le film fait également honneur à ses origines en voulant coûte que coûte en mettre plein les mirettes en termes d’effets spéciaux. Ainsi, le dernier quart d’heure est un festival de transformations sur des bustes de cadavres peu ragoûtants avec éclairs et fumigènes du plus bel effet. Les maquillages sont, sans contestation possible, l’un des points forts du film. Réussis, ils représentent ce qui se faisait de mieux à l’époque.

Dommage cependant que cet atout ne se limite qu’au seul dernier quart d’heure du métrage. Auparavant, le film se contente de construire son intrigue sur les relations entre adolescents, au risque parfois, de donner dans le remplissage.

C’est ici que l’on trouve le second élément qui n’a pas, malheureusement, bénéficié d’autant d’attention que la construction du cadre de l’histoire. Le film ne développe pas l’excellent sujet lié à la télékinésie. La thématique qui avait fait la réussite de films comme Carrie, Furie, Patrick, Firestarter ou Messe noire est ici reléguée au statut d’anecdote.

Nuit noire - One dark night 09.png

Sauvé par des filles !

Dès lors, on imagine que Nuit Noire aurait beaucoup gagné à laisser la fille de Raymar enquêter sur les occupations surnaturelles de son paternel. À la place, le scénario lui donne les informations prémâchées à travers l’écoute d’une cassette abandonnée par un quelconque journaliste. Il est probable que de tristes raisons budgétaires aient dû restreindre les ambitions des auteurs (satanés comptables !)

Dés lors, dispensé de son élément fantastique moteur, il ne reste plus à Nuit Noire que ses personnages pour conserver l’attention du spectateur jusqu’à son baroud d’honneur et ses séduisants effets spéciaux.

Si Tom McLoughlin s’en tire plutôt bien, c’est d’abord grâce à un excellent casting. Les différents protagonistes sont interprétés par des actrices succulentes prenant très au sérieux l’entreprise. Ainsi, la cruelle et méchante Caroll (Robin Evans) est aussi déplaisante que jolie et charismatique. Ce n’est pas qu’une jolie blonde ressemblant vaguement à Naomi Watts. Elle joue très bien et relègue même Meg Tilly au statut de faire-valoir. La jolie brunette se rattrapera en devenant l’une des actrices phare des années 80 grâce à des films comme Psychose II ou le thriller Masquerade, tristement oublié, dans lequel elle est aux côtés de Kim Cattrall et Rob Lowe. Dans un petit rôle, on trouve aussi le célèbre Adam West qui, dans les années 60, était le Batman dans la célèbre série, mais son personnage s’avère ici plutôt quelconque.

Malgré tous ses effort, le casting n’empêche pas une certaine lassitude de s’installer. Certes, cependant, les personnages restent un point fort de Nuit Noire et s’agrémentent aux effets spéciaux pour lui permettre de se situer parmi les films fantastiques des années 80 qu’il ne faudrait pas négliger.


Test du Blu-ray/DVD sur le site de Sin'Art

Acheter chez Metaluna, c'est soutenir Sueurs Froides - Merci !


BANDE ANNONCE :

Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks... Passionné de cinéma de genre, oeuvre également sur les blogs ThrillerAllee consacré au cinéma allemand et L'Écran Méchant Loup dédié aux lycanthropes au cinéma

Share via
Copy link