Patchwork
Jennifer n’aurait pas dû fêter son anniversaire au bar du Vic’s : outre que ses « amis » l’ont tous laissé tomber, voilà que son amant – et employeur – la largue et la vire. Mais tout cela ne serait que broutille, n’était cette rencontre fortuite avec un ancien de l’école, le genre de looser vaguement étudiant en médecine. Maintenant, Jennifer s’est réveillée sur une table d’opération. Jennifer ? A moins qu’il ne s’agisse d’Ellie, pilier de bar en mal de mâle, ou même simplement de socialisation ? Ou ne serait-ce pas plutôt Madeleine, incapable de s’accepter physiquement ? Ou bien, n’est-ce pas enfin que ces trois femmes perdues cohabitent dorénavant dans un corps unique crée par un émule de Mary Shelley ?
Les années ’80 ont livré REANIMATOR (cité d’ailleurs par la référence à l’iconique seringue emplie de liquide vert fluo), la décennie suivante FRANKENHOOKER, nous voici en 2016 avec PATCHWORK, jouissive petite comédie sans prétention, naviguant pas trop loin de la ZomCom. Le scénario a la bonne idée de nous emmener dans l’esprit de notre [créature de] Frankenstein moderne, qui voit cohabiter cahin-caha l’âme des trois femmes ayant servi de matière première à sa fabrication. Il s’ensuit quelques réjouissantes séquences alternant les arguties et disputes, vu de leur esprit, entre des protagonistes qui ne s’entendent pas toujours sur la marche à suivre, et le point de vue classiquement extérieur, qui nous montre les soubresauts du monstre tiraillé entre des directives antagonistes. Quand l’expression « elle est à plusieurs dans sa tête » prend tout son sens !
On suivra donc le parcours chaotique de la femme-rabibochée-qui-sont-trois et qui n’entendent pas laisser impuni le crime dont elles sont victimes.
Tyler MacIntyre louche fortement vers ses ainés et livre un ensemble pour geeks, traversés de clins d’œil : la musique fifties, l’hommage à l’Homme invisible, un générique à la Saul Bass, la citation de REANIMATOR… Pour autant, et même s’il ne décroche pas la palme de l’originalité, le film n’est pas plombé par son appareil référentiel et déploie suffisamment d’action et de rebondissements pour nous tenir en haleine jusqu’au final.
Finalement, c’est surtout l’esprit des bandes du passé qui revit ici : ces films pop-corn aussi distrayants que décomplexés. A ce niveau PATCHWORK remplit parfaitement son contrat.
Pas spécialement original certes, mais pas non plus honteusement copié sur d’autres produits.
A l’heure où trop de films réadaptent ad nauseam de vieilles formules éculées, PATCHWORK a suffisamment travaillé son scénario pour se démarquer du tout-venant.
Présenté à l’Etrange festival 2016, PATCHWORK nous a distraits. C’est tout ce qu’on lui demandait. Allez, c’est parti : sortez les chips et les bières, invitez trois amis pour un bon p’tit cinoche ; sortez vos scalpels, invitez trois amies pour… euh peut-être pas.