Un texte signé Patryck Ficini

chroniques-infernales

Planète des Ombres

« Des Titans sont descendus des étoiles. (…) Dans leurs mains acajou aux griffes couleur safran ils nous cueillent par grappes et nous mastiquent vivants. Après quoi ils recrachent des glaviots de cadavres dans l’azur ; urinent des torrents acides puant l’ammoniaque qui rongent notre peau et nos yeux ; expulsent des monticules de fèces saturées de déchets azotés qui nous font défaillir ou rendre tripes et boyaux. » (p. 7)
Christophe Lartas est un auteur unique dans le domaine du fantastique horrifique. Quoiqu’influencée par Lovecraft et peut-être par les CHANTS DE MALDOROR de Lautréamont, sa prose, délirante, hallucinée et hallucinogène, parfois politisée, n’est guère comparable à une autre.
PLANETE DES OMBRES (éditions de l’Abat-Jour) décrit la fin du monde. Des sortes de Grands Anciens lovecraftiens sèment le chaos et la terreur pure sur la terre des hommes qui, totalement impuissants, n’ont d’autre choix que souffrir, parfois collaborer (c’est le choix des lâches élites qui les gouvernent) et, enfin, périr dans le meilleur des cas.
La première partie de ce roman qui en compte trois, intitulée L’EXTERMINATION DE L’HOMO SAPIENS SAPIENS, est incroyable pour qui ne connaît pas l’univers maléfique de Christophe Lartas. Les autres se souviendront de SATANACHIAS et SATURNE, deux de ses œuvres précédentes. Lartas s’y livre une nouvelle fois à la description complaisante mais parfois d’une folle poésie noire, d’une apocalypse d’une brutalité inouïe.
Seul Lovecraft aurait pu la rêver. Lartas l’accomplit. D’une façon sans doute inégalable.
Ensuite, dans OMBRE ET POUSSIERE, Lartas évoque les regrets des hommes, leurs rêves passés réduits à néant par la mort et la désolation. L’auteur abandonne ici l’ultra violence pour des pages plus posées et d’une beauté franchement amère.
Avec la troisième partie (sobrement titrée LA MORT), Lartas nous apporte encore d’autres émotions, avec la même maestria. Cependant nous n’en révélerons pas la teneur ici afin de ne pas la déflorer. Ce serait vraiment dommage.
Au final, PLANETE DES OMBRES est indispensable pour qui ne connait pas l’œuvre assez révolutionnaire de Christophe Lartas. Un peu moins surprenante pour ceux qui ont déjà cette chance, sa lecture n’en demeure pas moins précieuse pour qui apprécie les lectures non conformistes.
A condition aussi d’avoir le cœur bien accroché face au sadisme certes souvent surréaliste de certains passages.
L’enfer sur terre a un nom : Christophe Lartas.
Son style est différent, ses univers totalement troublants et déstabilisants. Impossible de l’oublier.
« Voici venus les temps de la dissolution. Après quelques triomphes et bien des débâcles, aujourd’hui amoindris et moroses, nous tournons en rond au sein de la ténèbre. Nous n’avons plus de but ni même de chemin. Et encore moins de vérités… Seulement l’espoir – la certitude – que très bientôt, nous aussi, assagis et brisés, nous connaîtrons la paix, la poussiéreuse paix… » (p.121)


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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