Un texte signé Philippe Delvaux

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Sauvez un cinéma de genre de sa disparition programmée !

A Bruxelles, comme partout ailleurs, les cinémas porno, tout comme les salles de quartier auparavant, ont baissé le pavillon. Les derniers mohicans ne se portent d’ailleurs pas au mieux.

Au centre de Bruxelles, le cinéma ABC était spécialisé depuis des décennies dans les péloches « bis », puis a glissé vers le cinéma érotique et pornographique. Il y aura diffusé au fil du temps du Russ Meyer, des Radley Metzger, des Jess Franco, des Joe D’Amato ou encore des Doris Wishman. D’autres, moins connus, méritent au moins qu’on cite leurs titres: « Great Sex-pectations », « Flesh Dance », « Mon curé chez les minettes » ou encore « Cours de latin, cours de catins »…

Son exploitant, les 90 ans bien sonnés, avait décidé d’en rester là en 2013. L’ABC était donc promis à disparaitre, comme tant – comme trop – de ses prédécesseurs.

C’était sans compter la pugnacité des cinéphiles ou amoureux de la culture qui, réunis sous l’étendard, de la fondation Cineact, ont d’abord entrepris de sauver de la dispersion les vastes collections de films et documents entreposés dans les caves de l’ABC.

Mission réussie, le fonds est dorénavant conservé à la « Cinematek », un pan du patrimoine de genre est sauvegardé.

Deuxième étape, la sauvegarde et la réaffectation du lieu. Cineact a convaincu le propriétaire de leur louer le lieu pour lui donner une nouvelle affectation culturelle, encore à définir. Pour cela, une opération de crowdfunding a été lancée début 2014 pour réunir les fonds permettant de louer un an durant l’ABC, temps nécessaire à le réaménager et à lancer le projet.

La souscription a été un succès. L’ABC a commencé à être nettoyé tandis que le projet de bail était élaboré auprès d’un notaire.

Et là… catastrophe !

A quelques jours de la signature du bail, le propriétaire décède.

Ses héritiers n’ont pas voulu honorer la parole donnée par feu l’exploitant. Ils ont mis en vente l’immeuble et ont interdit à Cineact l’accès au lieu. En l’absence d’un bail signé, le juge a donné raison aux héritiers.

Il n’est pas encore trop tard pour réagir !

Mais Cineact ne veut pas en rester là. Pour éviter que le repreneur du bâtiment transforme celui-ci en un enième snack ou autre enseigne quelconque, il faut que soit maintenue l’affection du bien.

Les règles d’urbanisme exigent en effet l’autorisation de la commune (la municipalité) pour changer l’affectation d’un bien. Sans cette autorisation, le lieu devrait rester affecté à une activité culturelle.

Aussi Cineact veut faire pression sur le pouvoir politique pour que celui-ci garantisse le maintien de l’affectation culturelle de l’ABC. Et pour ce faire, il a besoin du maximum de soutien. Cineact a donc lancé une pétition en ce sens.

Si vous vous sentez concerné par le maintien et surtout la réaffectation d’un lieu culturel, témoin du riche passé du cinéma populaire, signez la pétition !


- Article rédigé par : Philippe Delvaux

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