Un texte signé Yannik Vanesse

BIFFF 2015review

Spring

Un jeune homme un peu looser travaille dans un bar, et son meilleur ami est un alcoolique ne pensant qu’à faire la fête. Quand il ne s’enivre pas, notre héros s’occupe de sa mère, extrêmement malade. Sa mort va tellement l’affecter qu’il déclenche une bagarre sur son lieu de travail, et qu’il perd son emploi. N’ayant plus rien qui le retient aux Etats-Unis, il décide de partir se ressourcer, et opte, un peu par hasard, pour l’Italie. Dans un petit village, il fait la connaissance d’une jeune femme sublime. Mais, alors que leur relation s’intensifie, il s’aperçoit qu’elle lui cache des choses, et finit par se demander si elle est véritablement humaine.

Justin Benson et Aaron Moorhead avaient marqués le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, il y a quelques années, avec l’excellent RESOLUTION, qui montrait avec brio une amitié mise à mal et l’apparition d’une créature des plus originale, en un mélange de comédie noire et d’horreur diablement flippante. Les deux réalisateurs reviennent, cette fois au Brussels International Fantastic Films Festival 33ème édition, avec SPRING, scénarisé par Justin Benson. Pour rendre crédible leur histoire, il fallait à nouveau un duo d’acteurs doués et en phase. Lou Taylor Pucci incarne Evan, héros à la dérive de SPRING, et l’inoubliable Louise est jouée par la sublime Nadia Hilker.

En effet, tout comme pour RESOLUTION, il fallait pour ce film un duo véritablement complice, et les deux acteurs y parviennent terriblement, rendant crédible cette histoire d’amour aussi triste que sulfureuse et tout simplement magnifique et vraie. Les réalisateurs, adorant visiblement ce genre de mécanique, magnifient les rapports entre les deux, le cadre idyllique de cette campagne italienne les aidant beaucoup à créer cette ambiance romantique en diable.
Cependant, si SPRING est une histoire d’amour, le film est loin de se résumer à cela. C’est aussi une quête d’identité d’Evan, personnage à la dérive cherchant à se remettre de la mort de sa mère, à se trouver un but, et errant, sans savoir ce qu’il cherche, avant de trouver Louise. Entre tristesse et humour, les réalisateurs créent un personnage passionnant dans sa détresse, une peinture désabusée de la classe moyenne américaine, comme ils l’avaient fait avec RESOLUTION.
SPRING est aussi une histoire de monstre. Justin Benson et Aaron Moorhead, prouvant encore leur savoir-faire en la matière. Ils distillent par petites touches des signes malsain, qui d’une part fait frissonner le spectateur, et d’autre-part les fait se questionner sur la nature profonde de Louise. Car, encore une fois, les deux réalisateurs créent une créature originale, et la dévoilent lentement, entre panique, tristesse, mais aussi violence, Louise n’échappant pas toujours à sa nature monstrueuse.
La réalisation sature l’écran de couleur chaude, pourtant, comme pour montrer que le plus important, dans tout cela, est l’amour. De ce fait, l’évolution de l’histoire et sa conclusion sont assez prévisibles. Cependant, ce qui compte n’est pas toujours la destination mais le voyage, et les réalisateurs sont parvenus à dépeindre une histoire d’amour à la beauté époustouflante, qui a su conquérir le public du festival, particulièrement sage.
Les deux réalisateurs prouvent ainsi une nouvelle fois qu’ils sont deux personnalités à suivre, avec un parcours cohérent et que, s’ils mettent du temps à faire un film, ce n’est que pour mieux marquer de leur empreinte les amateurs de fantastique, mais aussi de beaux moments d’humanité.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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