Un texte signé Philippe Chouvel

Etats-Unis - 1974 - Paul Maslansky
Titres alternatifs : The Zombies of Sugar Hill
Interprètes : Marki Bey, Robert Quarry, Don Pedro Colley, Betty Anne Rees, Richard Lawson, Charles Robinson

Dossierretrospective

Sugar Hill

Diana Hill est fiancée à Langston, propriétaire du Club Haïti, haut lieu touristique attirant beaucoup de monde. Les affaires marchent bien, trop bien même, au point d’attirer l’attention de la bande de Morgan, un parrain de la pègre bien décidé à racheter le club par tous les moyens. Langston refusant de négocier, il est liquidé par les hommes de Morgan. La perte de l’être aimé conduit Diana vers un besoin de vengeance absolu.

La jeune femme consulte Mama Maîtresse, une sorte de vieille sorcière versée dans les arts de l’occultisme. Cette dernière conduit Diana jusqu’à un cimetière abandonné où elle invoque le Baron Samedi (dans le vaudou, il est l’esprit de la mort et de la résurrection). Celui-ci apparaît alors et accepte le marché de Diana. Bientôt, les morts sortent de leurs sépultures, dépouilles des anciens esclaves noirs venus d’Afrique voici fort longtemps. Réveillés par le Baron Samedi, ils vont être les bras armés et vengeurs de Diana « Sugar » Hill…

SUGAR HILL présente deux particularités. D’abord, c’est l’un des rares longs métrages à aborder les deux sous-genres cinématographiques que sont la blaxploitation et le film de zombies. Ensuite, il s’agit de l’unique réalisation de son metteur en scène, Paul Maslansky. La carrière de celui-ci s’est principalement orientée dans la production, à travers des films comme THE SHE-BEAST (avec Barbara Steele) ou LE CERCLE DE FER. Cela dit, Maslansky reste avant tout connu pour avoir produit la série des POLICE ACADEMY.

Quant au producteur de ce SUGAR HILL (dans la réalité, le nom d’un quartier du nord de Harlem), il s’agit du renommé Samuel Z. Arkoff, qui fut avec James H. Nicholson le fondateur de la prestigieuse firme A.I.P. (American International Pictures). Cette société de production est aux Etats-Unis ce que fut la Hammer à la Grande-Bretagne. Créée en 1956, elle a vu passer des réalisateurs emblématiques parmi lesquels Roger Corman, Robert Fuest, Bert I. Gordon et Jack Hill.
Dans un blaxploitation, il est fréquent de voir une héroïne noire aussi belle qu’intrépide. C’est le cas ici. Pas de Pam Grier au générique de SUGAR HILL, ni de Jeanne Bell ou de Tamara Dobson, mais la méconnue Marki Bey. Agée de vingt-huit ans lors du tournage, cette ravissante actrice n’a fait que de trop brèves apparitions tant au cinéma qu’à la télévision. Elle figurait l’année précédente dans le thriller ROOMMATES au côté de Roberta Collins, la jolie blonde vue notamment dans THE BIG DOLL HOUSE, 5 FEMMES A ABATTRE et LA COURSE A LA MORT DE L’AN 2000. Mais le moment de gloire de Marki Bey restera probablement son premier rôle dans HANGUP de Henry Hathaway (dernier film du réalisateur).

Dans SUGAR HILL, Marki Bey affronte un implacable mafieux répondant au nom de Morgan, interprété par l’élégant Robert Quarry. L’acteur, déjà actif durant les années 1950, se taillera une solide réputation dans le créneau horrifique au début des seventies, grâce à des films comme COUNT YORGA VAMPIRE (et sa suite), LE RETOUR DE L’ABOMINABLE DOCTEUR PHIBES et MADHOUSE (ces deux derniers avec Vincent Price). Robert Quarry est le seul acteur blanc, dans SUGAR HILL, à détenir un rôle important. Et bien sûr, comme dans tout bon blaxploitation qui se respecte, il incarne le méchant de service (gentils noirs, méchants blancs : on pourrait reprocher au blaxploitation ce genre de stéréotype, mais n’était-ce pas, après tout, un juste retour des choses ?).

Parmi les acteurs « black » sortant du lot, on retiendra un Baron Samedi fort convaincant en la personne de Don Pedro Colley (THX 1138) ; mais également Richard Lawson (SCREAM BLACULA SCREAM, POLTERGEIST) et Charles Robinson (THE BLACK GESTAPO), le premier composant l’indispensable inspecteur de police et le second l’inévitable bras droit du méchant.

Malgré son scénario linéaire et sans surprises, suivant une trame archi-classique, SUGAR HILL demeure un spectacle honnête, disposant d’une belle photographie, notamment durant les scènes se situant dans le cimetière. On pourra reprocher le look assez étrange des zombies, pourvus d’yeux semblables à des billes d’acier. En dépit des mises à mort plus ou moins originales des membres de la bande à Morgan, le film n’est pas gore pour un sou. Néanmoins, le final est plutôt réussi et permet au spectateur de rester sur une note positive. Enfin, la chanson « Supernatural Voodoo Woman », interprétée par The Originals, est devenu un tube qui aurait mérité de figurer parmi les classiques de la Tamla Motown.

Voilà ce que l’on pourrait dire de SUGAR HILL. Il est loin de figurer parmi les meilleurs films de la blaxploitation ; et dans les œuvres consacrées aux zombies, on a également vu bien mieux. Mais cette œuvre jamais distribuée en France demeure une curiosité relativement sympathique, malgré tout, que tout fan des années ’70 saura apprécier avec une pointe de nostalgie


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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