Un texte signé Sophie Schweitzer

Mexicain - 2016 - Carlos Castro Zimbron
Interprètes : Brontis Jodorowski, Aliocha Sotnikoff Ramos, Camila Robertson Glennie

L'Etrange Festival 2016review

The Darkness

Argel vit reclus dans une cabane perdue au milieu de la forêt avec son père, son grand frère Marcos, et sa petite sœur Luciana. Alors qu’une bête rôde dans la forêt, son grand frère disparaît suite à une ronde effectuée avec le père. Argel décide alors de tout faire pour retrouver son frère disparu même s’il doit affronter son père pour connaître la vérité.

THE DARKNESS est le second long métrage de Daniel Castro Zimbrón. Produit et réalisé au Mexique avec un budget très réduit, le film se place dans un micro-univers constituant un huis clos à l’atmosphère étouffante quasi post-apocalyptique. Le fait de ne jamais en sortir nous fait parfois ressentir le manque de budget, mais contribue à l’atmosphère angoissante du film. Cela se ressent également dans le choix d’avoir très peu de personnages. Mais l’essentiel, quand on a un micro-budget, c’est d’avoir de bons acteurs.

Argel, notre jeune héros, est incarné par Aliocha Sotnikoff qui joue pour la première fois dans un long métrage. Sa bouille d’ange et un charisme assez prenant et captivant le conduiront probablement à une belle et longue carrière. On pourrait d’ailleurs reprocher au réalisateur d’un peu trop vouloir capter ce charisme bouillonnant, car on a un peu trop de gros plans sur son visage, aux dépens de sa sœur, incarnée par Camila Robertson Glennie, qui pourtant joue très bien elle aussi, incarnant tout le trouble de l’enfance, et cristallisant en elle les dysfonctionnements de la famille.

Le père campé par Brontis Jodorowsky irradie l’écran, tantôt menaçant, tantôt grondant et menaçant, tantôt vibrant d’émotion. Le personnage du père est d’ailleurs assez admirablement construit, élaboré avec une profondeur incontestable. Mais ce qui fonctionne surtout c’est que le père est la seule autorité, quasiment le dieu de ce microcosme. Il est celui qui pose les limites de ce monde. Avec un caractère à la Barbe Bleue, il détient les clés de toutes les portes de la maison, interdisant ainsi l’accès à certaines pièces, et surtout vers l’extérieur.

L’aspect conte de fée du film côtoie celui d’un monde post-apocalyptique. La présence d’ombre menaçante, d’un épais brouillard dans la forêt, les rêves étranges que font les enfants, les masques à gaz qu’est contrainte de porter la famille quand elle sort dehors, démontrent un univers futuriste dont le film en présente d’ailleurs tous les codes. Pourtant, le film s’apparente également à un conte de fée. Argel ressemble au petit poucet qui doit se battre pour faire survivre ses frères et ses sœurs et affronter l’ogre.

Seul reproche : Un peu trop proche par moment de THE SURVIVALIST, sans doute une simple coïncidence vu la proximité de production de ces deux films. Tous deux jouent sur l’aspect post-apocalyptique intimiste, et l’immersion de personnages inconnus qui viennent cristalliser la situation, la faire déraper. Or ici, pour THE DARKNESS, ce retournement n’était pas nécessaire même s’il peut apporter, en thème d’univers et de thématique, une certaine profondeur supplémentaire.

Du reste, THE DARKNESS est un très bon film, prometteur quant à la carrière de ce jeune réalisateur qu’on suivra avec enthousiasme !


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà

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