Un texte signé André Cote

USA/France - 2011 - Alexandre Courtès
Titres alternatifs : Incident At The Sans Asylum
Interprètes : Kenny Doughty, Dave Legeno, Rupert Evans, Richard Brake, Darren Kent ...

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The Incident

Durant une nuit d’orage, l’asile Sans subit une panne de courant. Tous les pensionnaires se retrouvent libres de faire ce que bon leur semble, et surtout de s’en prendre au personnel de l’établissement.

Autant l’avouer tout de suite, THE INCIDENT (INCIDENT AT THE SANS ASYLUM) fait partie de ces films que l’on n’attend pas. Il s’agit du premier long-métrage de Alexandre Courtès, qui a fait ses armes avec des vidéo-clips. En raison de la manie des artisans issus de ce milieu à bricoler plus qu’il ne le faudrait leurs images, ce domaine est devenu source de préjugés. Pourtant, nombreux sont les cinéastes à avoir été formés à cette école avant de se forger une filmographie dans les longs-métrages : Michel Gondry (connu tout d’abord pour ses clips pour Bjork), Alex Proyas (avant THE CROW), ou encore David Fincher (avant ALIEN 3 et SEVEN).
D’ailleurs, on pourrait rapprocher Courtès des récents Fincher, puisque notre metteur en scène fait preuve d’une sobriété étonnante alors que l’on s’attendait à un déluge d’images tarabiscotées. Si l’on concède plusieurs maladresses, notamment dans la première partie du film où l’introduction paraît poussive, Courtès parvient sans mal à soigner ses cadres (une habilité sans doute héritée de son expérience clippesque) dans le souci de poser une atmosphère froide. Notre réserve concerne plutôt son inaptitude à parvenir à s’affranchir d’une influence un peu trop marquante. Comportement que l’on retrouve dans les premières œuvres de tout cinéaste. Courtès, lui, semble avoir du mal à se démarquer de la saga HALLOWEEN, de John Carpenter, et en particulier du second opus réalisé par Rick Rosenthal : le premier parlant d’un évadé d’un asile psychiatrique, le suivant se déroule dans sa majeure partie dans un hôpital, en conservant une mise en scène proche du précédent. Il faut bien reconnaître que le Carpenter a laissé une empreinte si grande qu’il paraît bien difficile de s’en écarter, surtout vu le milieu abordé.
Dans le Courtès, nous retrouvons donc un soin dans les cadres et la gestion de l’espace. En somme, il adopte une manière de filmer qui privilégie le classicisme plutôt que le tape-à-l’œil, des plans longs et d’amples mouvements de caméra et non un montage frénétique. Néanmoins, cela ne l’empêche pas de se livrer à quelques débordements gores et THE INCIDENT, en cela, se veut dans l’esprit des films d’horreur des années 80. En effet, le ton général oscille constamment entre l’horreur graphique et le voyeurisme d’un SAW: l’un des personnages se fait torturer à coups de lame de rasoir, et un autre se fait arracher le nez… Etrangement, le spectateur aura mal pour le premier et peut ébaucher un sourire pour le second, en grande partie en raison de l’aspect grand-guignolesque de la situation.
En revanche, Courtès assume la simplicité de son pitch (pendant une nuit, les fous d’un asile font la loi!) au point de marquer des points. A ce titre, on remarque qu’il parvient à faire de l’un des aliénés un monstre aussi machiavélique que le Hannibal Lecter du SILENCE DES AGNEAUX (THE SILENCE OF THE LAMBS), le docteur devenu célèbre autant pour ses plans tordus que pour ses penchants cannibales. Le regard et le sourire de cet aliéné véritable chef de la meute achèvent de rendre cette nuit cauchemardesque pour les employés de l’institut. Ceci souligne la prouesse du réalisateur qui parvient à rendre palpable cette impression d’irréalité, proche d’un songe, tout allant de travers, sans qu’aucune issue ne se profile à l’horizon.
De telle sorte que, si l’on nourrissait quelque appréhension sur THE INCIDENT, la surprise en est d’autant plus grande. S’il n’en est pas pour autant un grand film d’horreur, il se révèle une solide série B. Et ça, pour un premier film, ça n’est déjà pas mal.


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- Article rédigé par : André Cote

- Ses films préférés : Dark City, Le Sixième Sens, Le Crime Farpait, Spider-Man 3, Ed Wood


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