Un texte signé Patryck Ficini

USA - 1978 - David Schmoeller
Interprètes : Chuck Connors, Jocelyn Jones, John Van Ness

retrospective

Tourist Trap

Des jeunes gens rencontrent un curieux bonhomme (Chuck Connors) propriétaire d’un musée de cire dédié à l’histoire du Vieil Ouest américain. Il seront bientôt tués les uns après les autres…
Tanya Roberts en mini-short et le ventre à l’air justifierait à elle seule la vision de ce petit classique du film d’horreur des seventies. L’actrice pour une fois brune est ici à ses débuts, avant DAR L’INVINCIBLE, SHEENA ou DANGEREUSEMENT VOTRE, et bien avant les temps du sexy-thriller pour Fred Olen Ray (INNER SANCTUM ) et Jim Winorsky. Voir une aussi belle fille sur un écran est tout simplement un plaisir des yeux.
Mais la superbe Tanya est loin d’être la seule qualité de cette production Charles Band infiniment supérieure à la majorité de ses Full Moon actuels. TOURIST TRAP est une vraie bonne série B, très intelligemment réalisée par David Schmoeller, notamment auteur d’un très bon FOU A TUER avec Klaus Kinski. Incroyable que Schmoeller soit juste considéré comme un bon faiseur et qu’il ne soit pas devenu par la suite un maître reconnu de l’horreur et l’égal d’un John Carpenter tant les qualités de ce film sautent aux yeux. Peut-être n’a-t-il pas fait que des films aussi bons…
TOURIST TRAP est un savant mélange de psycho-killer (avec un bouseux qui bute des jeunes, dans une ambiance très Tobe Hooper) et de film de mannequins de cire. Un très grand thème du fantastique depuis l’expressionniste CABINET DES FIGURES DE CIRE. Citons notamment MASQUES DE CIRE et ses remakes et dernièrement LA MAISON DE CIRE (avec Paris Hilton !). Citons aussi le roman Gore français de S.K. Sheldon Musée des horreurs.
Chuck Connors, vétéran du western (un bon parmi d’autres : TUEZ LES TOUS ET REVENEZ SEUL de Enzo Castellari), campe ici le solitaire bizarre et dérangé qui accueille dans son musée perdu des touristes égarés. Le stetson sur la tête et la pétoire en mains, comme aux bons vieux temps ! Cette entrée en matière et le thème western de son musée font bien sûr référence à la première partie de sa carrière. Chuck Connors est tour à tour inquiétant, émouvant (quand il évoque le souvenir de sa femme disparue) ou terrifiant quand sa folie est mise à jour. Il est le souverain d’un royaume peuplé de mannequins de cire qui semblent vivants. L’homme semble avoir des pouvoirs télékinésiques qui lui permettent de mouvoir les objets à distance. On n’en saura pas plus sur ce mystérieux don mais il donne lieu à de très belles scènes de trouille et ce, dès les 10 premières minutes. On se croirait par moments dans un film de poltergeists !
A mesure que l’on avance dans le film, la démence de Connors semble influencer la réalité. Ce que l’on pourrait prendre pour le délire d’un fou devient vrai. On n’est plus simplement en présence d’un Norman Bates rural mais plutôt face à une sorte de sorcier démoniaque. Les scènes s’enfoncent dans l’hystérie. Il faut voir Connors parler avec un mannequin qui lui répond, ou cette scène folle où les pistoleros de cire mitraillent l’infortunée Tanya Roberts avant de la poignarder.
Le plus démentiel est à venir quand l’héroïne se croit sauvée par un compagnon… en fait lui aussi transformé en mannequin. De la folie pure : Chuck Connors ôte un bras puis la tête à quelqu’un qui semblait bien vivant la seconde d’avant !
Si la réalisation de David Schmoeller épouse pour le meilleur un scénario impeccable, la musique très giallo de Pino Donnagio fait de même avec les images. Donnagio fut le compositeur attitré de Brian de Palma mais collabora aussi avec Lucio Fulci et Dario Argento.
La mort du fou aux pouvoirs paranormaux est peut-être un peu facile (mais en conclusion d’une scène démentielle). C’est le seul bémol que l’on peut mettre à un film d’atmosphère (et pas gore) quasi parfait (comme MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, comme HALLOWEEN… quelle époque !). La toute dernière image clôture cependant ce joyau d’une façon troublante, malsaine… qui fait froid dans le dos !


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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