Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Grande Bretagne - 1976 - Peter Sykes
Titres alternatifs : To the devil...a daughter
Interprètes : Richard Wydmark, Christopher Lee, Honor Blackman, Nastassja Kinski

retrospective

Une fille pour le diable

Ecrivain spécialisé dans l’occultisme, John Verney ne prend guère au sérieux les satanistes, dont 98% ne sont, selon lui, que des libertins en quête de sensations fortes cherchant un prétexte à leurs orgies. Mais il va finir par se confronter aux 2% restants, une minorité réellement dangereuse menée par un prêtre diabolique, le père Michael Rayner, lequel prépare la venue sur Terre du démon Astaroth, qu’une jeune demoiselle, Catherine, est censée enfanter.

Réalisé par Peter Sykes en 1976, UNE FILLE POUR LE DIABLE reste une des dernières productions de la prestigieuse Hammer, réalisée alors que la compagnie brulait ses ultimes cartouches en tentant de se conforter aux supposées attentes du public. Or, au milieu des seventies, le satanisme à le vent en poupe suite à divers faits divers sensationnalistes et aux succès récoltés par ROSEMARY’s BABY, L’EXORCISTE et LA MALEDICTION. Une vague bientôt suivie par les décalques italiens des titres précités, comme LA MAISON DE L’EXORCISME, L’ANTE CHRIST ou HOLOCAUSTE 2000.
La Hammer, cherchant désespérément un nouveau souffle, se tourne alors vers les romans de Dennis Wheatley en vue d’une trilogie de métrages démoniaques dans lesquels devrait jouer Christopher Lee. Ce dernier, passionné d’occultisme, avait d’ailleurs tenu le rôle principal de l’excellent film de Terence Fisher, LES VIERGES DE SATAN, déjà adapté d’une œuvre de Wheatley en 1967. L’intrigue de ce dernier film constituera d’ailleurs une sorte de base de travail pour UNE FILLE POUR LE DIABLE tant les similitudes entre les deux sautent aux yeux, en dépit des efforts manifestes de la Hammer pour se conforter aux exigences, plus explicites, du milieu des années 70.
La production d’UNE FILLE POUR LE DIABLE est donc lancée mais connaît de nombreux déboires, tant au niveau du financement (revu à la baisse) que du casting et du scénario, revu plusieurs fois. Peter Sykes, réalisateur de l’atypique DEMONS OF THE MIND quelques années plus tôt pour le compte de la même Hammer, s’installe finalement dans le fauteuil de metteur en scène. Richard Wydmark se voit proposer le rôle principal et la légende vieillissante du Western voisine évidemment avec l’éternel « méchant » de la compagnie, le grand Christopher Lee. Celui-ci incarne avec une certaine cruauté un ecclésiastique défroqué entièrement dévolu à son maitre qu’il nomme obstinément Dieu mais qui se révèle être, en réalité, le démon Astaroth. Au niveau des seconds rôles notons la présence de Honor Blackman (JASON ET LES ARGONAUTES, GOLDFINGER, la série Chapeau Melon et Bottes de cuir) et de Nastassja Kinski, alors à ses débuts (elle est âgée de 17 ans) et apparaissant intégralement dévêtue. UNE FILLE POUR LE DIABLE poursuit d’ailleurs la tendance entamée par la Hammer au début des années ’70, à savoir donner plus de présence à l’horreur graphique et à l’érotisme en incluant, par exemple, un accouchement bien sanglant et une scène de partouze entre satanistes. Pas de quoi choquer le spectateur d’aujourd’hui mais une volonté des producteurs de se montrer plus explicites, quitte à proposer des séquences parfois maladroites, voire carrément ridicules comme celles impliquant une sorte de bébé démon peu convaincant. Le climax s’avère lui aussi particulièrement décevant et termine le métrage sur une note plutôt négative.
N’ayant pas récolté le succès escompté, UNE FILLE POUR LE DIABLE resta finalement sans descendance, la Hammer ne produisant plus, ensuite, que le remake du classique UNE FEMME DISPARAIT d’Hitchcock avant de se tourner définitivement vers la télévision via des séries comme Hammer House of Horrors. Une page se tournait donc avec le film de Peter Sykes, clôturant trois décennies fastes consacrées essentiellement à l’épouvante et au fantastique.
Mélange assez incongru entre divers classiques de l’épouvante (on pense beaucoup aux VIERGES DE SATAN, un peu à ROSEMARY’s BABY et parfois à LA MALEDICTION), l’œuvre de Peter Sykes reste un divertissement à peu près acceptable pour les nostalgiques mais s’adresse essentiellement aux « complétistes » de la Hammer ou aux curieux. Les autres s’abstiendront et se tourneront avec davantage d’à propos vers les véritables classiques de la compagnie, sortis à la fin des années 50.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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