Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Indonésie - 1987 - Ackyl Anwari
Interprètes : Enny Beatrice, Yenny Farida, Leily Sagita, Nina Anwar, Ratna Debby, Yetty Laurens, Harry Capri, Uckie Kartolo

retrospective

Virgins From Hell

Cette petite production indonésienne apparentée aux WIP constitue une bisserie assez délectable pour quiconque aime les séries Z fauchées mais bien enlevées. Réalisée en 1987, elle comporte tous les ingrédients indissociables du nanar estampillé eighties.
Le méchant, appelé Tiger et arborant une superbe moustache, nous livre ainsi un incroyable numéro de cabotin. Il vit dans un repère style James Bond du pauvre, décoré de posters de tigres et de chevaux sauvages, se lèche régulièrement les lèvres avec une expression salace et adore fouetter les demoiselles qui lui tombent entre les pattes, affichant un air sadique absolument impayable. Son plan machiavélique consiste à dominer le monde par l’entremise d’un aphrodisiaque surpuissant. Il se livre donc à son petit trafic depuis un coin perdu dans la jungle (enfin di-sons depuis le jardin du producteur !) en dissimulant la drogue dans des pastèques. A ses côtés se trouvent une assistante masculine, et lesbienne, chargée de faire régner la discipline, et une cohorte d’apprentis criminels tous barbus ou moustachus.
Les plans de conquête de Tiger sont malheureusement contrariés par une douzaine de filles sexy, vêtues de mini short à la Wonder Woman, qui chevauchent de puissantes motos, flinguent et lèvent la jambe pour des chorégraphies martiales de patronage. Il faut dire que la chef du clan en a gros sur la patate puisqu’elle a vu ses parents massacrés par les hommes de Tiger. Un flash-back édifiant qui nous révèle les parents en question, menacés par une vingtaine de salopards, refusant stoïquement de vendre leur propriété. Ils sont abattus et l’héroïne jure alors de se venger, quitte à se donner aux méchants pour soutirer des informations utiles. Elle donne son corps, mais pas sa fierté, nous apprend d’ailleurs le dialogue !
Hélas, nos Walkyries sont capturées lors d’une opération commando ma foi fort mal menée pour ne pas dire suicidaire. Elles sont alors emmenées captives dans une sorte de grotte souterraine pourvue d’un bassin, ce qui est bien pratique pour se baigner et les filles ne vont pas s’en priver. Malheureusement pour l’érotomane, les jeunes justicières promettent beaucoup mais ne dévoilent rien, c’est même carrément risible puisqu’elles vont jusqu’à se laver en maillot, y compris dans une baignoire !
Dans la grande tradition des WIP, le méchant se laisse parfois aller à ses pulsions sadiques et ordonne quelques sévices aussi cruels que ridicules, dans l’esprit du 2000 MANIACS de Hershell Gordon Lewis ou de la saga ILSA. Une victime est ainsi pendue et projetée sur des fils barbelés, une autre est enfermée dans un sac en compagnie d’un chat et une dernière est carrément passée à la broche et grillée à petit feu par deux traîtresses ! Oui, évidemment, deux demoiselles ont changé de camp et n’hésitent pas à payer de leur personne, laissant par exemple Tiger les fouetter vicieusement. Un peu plus tard, des inévitables sangsues seront de sortie lors d’une escapade dans les marais !
Sans oublier un crocodile, carrément, une bouée en plastique pour enfant, qu’une actrice fait bouger dans tous les sens en criant “arghh arghhh” alors que l’eau devient toute rouge ! Même Ed Wood n’avait pas osé aller si loin dans l’art du bricolage !
Comme tout bon bis indonésien qui se respecte, VIRGINS FROM HELL joue donc aussi sur le gore, mal fichu mais enthousiaste, à base de corps empalés ou de type qui éclate sous l’effet d’un poison en déversant des litres de sang. Et, bien sûr, les cadavres s’amoncellent, troués de balles ou la gorge tranchée ! Des effets spéciaux dignes du grand-guignol, donc très chouettes !
La musique, totalement imprégnée de l’esprit bis, ajoute encore au charme du métrage, l’utilisation d’une version calamiteuse du standard “Night In White Satin” des Moody Blues, version “les Péruviens dans le métro”, lors d’une séquence de viol étant d’ailleurs un sommet de n’importe quoi.
VIRGINS FROM HELL n’est donc pas un bon film mais on s’y amuse constamment. Le rythme est soutenu, ça bouge avec énergie, les péripéties (fut-elles idiotes !) se succèdent sans temps mort, et l’ensemble n’est avare ni de bastons ni de fusillades. Le final glisse pour sa part vers le film d’action avec explosions et massacres à répétition. Et, bien sûr, l’amateur retrouvera les fameux mannequins en mousse qui donnent un cachet si particulier au cinéma Z indonésien.
Un grand moment de divertissement sans prétention avec lequel on passe bon moment, l’idéal pour une soirée réussie !


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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