Un texte signé André Quintaine

Corée du Sud - 2005 - Kwang-Hyun Park
Interprètes : Jon Emm, Ha-kyun Shin, Jae-yeong Jeong, Hye-jeong Kang, Steve Taschler

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Welcome to Dongmakgol

Durant la guerre de Corée, trois soldats sud-coréens, deux du nord et un pilote américain rescapé du crash de son avion trouvent refuge dans un petit village. Celui-ci est tellement isolé des tracasseries du monde moderne que les habitants ne savent même pas que leur pays est en pleine guerre civile.
La tension est à son apogée lorsque les 6 ennemis font connaissance sur la place du village. Maladroitement, l’un d’eux fait tomber une grenade dans le cellier, anéantissant la réserve des paysans pour l’hiver. Les soldats décident alors d’aider le village à se réapprovisionner en nourriture. Au bout de quelques jours, ils finissent par oublier ce qui les séparent et se retrou-vent sur ce qui est finalement l’essentiel. Mais qu’est-ce que l’essentiel ?
La Corée du Sud fait du pied à sa sœur du nord et rêve d’une réunification. Pendant ce temps, les Américains ont bon dos, il faut bien désigner un coupable responsable de la déchirure coréenne. Le message du film est très clair et invite les Coréens à cesser ces querelles idéologiques qui ne leur appartiennent pas et qui sont les véritables raisons de leur séparation.
Parallèlement, on retrouve également dans WELCOME TO DONGMAKGOL un message alter mondialiste à base de consommation raisonnée, partagée et de développement durable. Le petit village de Dongmakgol incarne un monde dans lequel l’homme a laissé tomber les armes pour défendre des idéaux politiques. Les habitants de Dongmakgol n’ont pas le temps de se battre puisqu’ils doivent cultiver la terre afin de ne pas mourir de faim. Ils n’ont pas non plus le temps de réfléchir et évitent par la même occasion de se poser des questions existentielles. De même, comme il n’y a pas d’argent, il n’y a rien à convoiter. Par conséquent, les habitants de Dongmakgol vivent dans une béatitude absolue qu en’égale que leur naïveté.
La bonne volonté de WELCOME TO DONGMAKOL ne dupera que ceux qui ont les moyens de rêver à ce monde utopiste. En attendant les producteurs bénissent le capitalisme et se remplissent les poches avec ce film qui a été le plus grand succès du cinéma coréen au box-office 2005.
Bien sûr, WELCOME TO DONGMAKGOL reste un très beau film. La photographie est superbe et sublimée par la composition omniprésente de Joe Hisashi qui retrouve un univers proche de celui de Hayao Miyazaki dans ce film. Les acteurs sont tous très beaux (dans un monde aussi parfait que celui de Dongmakgol, on a visiblement que faire des laiderons) et transportent le film. Malgré sa durée importante (plus de 2 heures), WELCOME TO DONGMAKGOL passe comme une lettre à la poste. Les personnages sont attachants et les temps morts absents. L’humeur du film est légère, les moments comiques et attendrissants sont nombreux… C’est du gros cinéma mainstream réussi, certes, mais également très hypocrite.
WELCOME surfe sur la mode de ces films qui prônent un retour aux sources mais pêche par honnêteté. Contrairement à un KIRIKOU ou à des films de Miyazaki, WELCOME fait figure d’opportuniste. Son discours dont est absent toute sincérité est gratuit et facile, transformant le film en un simple divertissement familial vain, consensuel et politiquement correct, et donc surtout méchamment hypocrite.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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