Un texte signé Yannik Vanesse

Etats-Unis - 2009 - Steven Hentges
Titres alternatifs : Hunger
Interprètes : Lori Heuring, Linden Ashby, Joe Egender, Lea Kohl, Julian Rojas, Bjorn Johnson

review

Affamés

Plusieurs personnes se réveillent dans une sorte de grotte. Leur exploration des lieux les amène à comprendre qu’ils sont prisonniers et que, s’ils ont de l’eau à profusion, la nourriture est totalement absente. Le déclenchement d’une sorte d’horloge les amène à réaliser que leur tortionnaire désire voir combien de temps ils tiendront sans se dévorer entre eux.
Pour son premier film, Steven Hentges décide de réaliser un torture porn, ce genre popularisé par les franchises SAW et HOSTEL, pour ne citer qu’eux. Il s’entoure de Lori Heuring, remarquée dans le fascinant MULHOLLAND DRIVE et de Linden Ashby, présent, entre autres, dans le rigolo RESIDENT EVIL EXTINCTION.
Quand nous découvrons les pauvres victimes du tortionnaire (ce dernier ressemblant furieusement à Robin Williams), ils sont en train de se réveiller dans leur prison. Le lieu étant plongé dans l’obscurité la plus totale et les protagonistes étant dispersés, ils n’ont pas d’autre choix que d’avancer à quatre pattes, s’appelant pour se guider, sursautant au moindre bruit suspect, au moindre contact. Cependant, le réalisateur n’a pas l’audace d’agir comme dans un BURIED ou un REC, en plongeant les spectateurs dans le noir complet. Au contraire, Steven Hentges nous éclaire la scène, sans qu’il n’utilise le stratagème des caméras de surveillance à infrarouge, comme cela sera le cas par la suite. Cela crée d’une part une envie de rire, les tâtonnements des protagonistes devenant ridicules – leur jeu d’acteur n’aidant d’ailleurs pas – et d’autre part une malheureuse distanciation entre le spectateur et les personnages. Au lieu d’être plongé dans l’horreur en leur compagnie, de ressentir et de subir leur calvaire, le spectateur est éloigné de ce qu’ils endurent, ce qui est bien dommage. Cette scène étant, de surcroît, effroyablement mal filmée, il est difficile de ne pas appréhender la suite.
Beaucoup de choses d’ailleurs empêcheront le spectateur de se sentir vraiment concerné par ce qui se passe. Les personnages sont effroyablement caricaturaux. Il y a le gentil volontaire, la femme forte et inflexible, la garce manipulatrice, le lâche et le petit loubard colérique. Le film est aussi des plus prévisibles. On devine par exemple très tôt quel traumatisme pousse le psychopathe à infliger ce traitement particulier à ses victimes. Et jamais l’on ne ressentira vraiment la faim qui tenaille les personnages. À part une grosse pellicule de sueur sur le visage, quelques scènes où ils sont vus affalés dans un coin, rien ne semble leur arriver. Ils ne maigrissent pas. Et l’héroïne, après 29 jours sans manger, court, se bat, fait de l’escalade, comme si de rien n’était… Pour finir, le stratagème pour vaincre le tortionnaire est d’un ridicule proprement hallucinant.
Comme il ne se passe pas grand-chose – ils ne sont pas torturés physiquement – le spectateur s’ennuie beaucoup, suivant leurs engueulades, leur paranoïa et autres avec un intérêt mitigé, jusqu’à ce qu’enfin, l’un des personnages se fasse manger. Là, nous avons droit à un peu d’action et à des effets gores plutôt bien exécutés. Mais cela ne dure pas très longtemps, hélas. AFFAMÉS déçoit, ce qui est bien dommage car le postulat de base en vaut un autre, et se montre plutôt original. Il délaisse les sectes des pays de l’est ou les vulgaires adeptes de la torture pour s’atteler à un sujet ambitieux, intéressant et perturbant mais sans malheureusement en exploiter toute la portée.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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