Un texte signé Vincent TRAJAN

retrospective

Buck Rogers Au 25e Siècle

Buck Rogers. Inconnu au bataillon pour les moins de 20 ans, Buck Rogers n’en reste pas moins une figure qui a marqué l’imaginaire de très nombreux trentenaires / nouveaux quarantenaires d’aujourd’hui par le biais de la télévision, mais aussi de plusieurs générations auparavant depuis 1928. En effet, c’est à cette date que le personnage initialement crée par Philip Francis Nowlan dans la nouvelle “Armageddon 2419 A.D.” prend vie sous le pinceau de Dick Calkins dans Pulp Magazine et connaît un immense succès jusqu’en 1967 au travers de nombreux comic books et romans.
L’engouement autour de Buck Rogers (c’est le tout premier héros de science-fiction) est tel qu’un serial de 12 épisodes simplement intitulé BUCK ROGERS voit le jour en 1939 sous l’impulsion Ford Beebe & Saul A. Goodkind accompagné d’une déferlante de goodies (dont le fameux pistolet laser désintégrateur XZ-31 Rocket Pistol…)
Il faudra attendre 1979 et l’immense succès de STAR WARS de Georges Lucas pour que Buck Rogers soit remis à l’honneur au travers d’une nouvelle série créée et produite par Glen A. Larson et Leslie Stevens sur NBC : BUCK ROGERS AU 25E SIECLE.
En France, même si le pilote est sorti au cinéma en 1979, il faudra attendre 1983 pour que la série soit diffusée à la télévision sur TF1.
Action. Action. Action. Voilà comment on pourrait résumer le matériau de base des aventures de BUCK ROGERS AU 25E SIECLE. Porté par l’effervescence de space opera et des années disco, la série se vautre allègrement dans la facilité en faisant tremper les racines de tous les scénarii d’épisode dans un seul et même bac : celui de l’action, donc.
Ainsi, mis à part un pilote plutôt bien ficelé qui met en avant le décalage d’un Buck Rogers des 80’s tombé malgré lui dans un 25e siècle aseptisé, le reste de la série n’est pas trop folichon au niveau de l’intellect (Buck Rogers croisera la route d’un groupe de rock intergalactique sur “Le Rock De L’Espace”, d’un vampire cheap sur “Le Vampire” et de bien d’autres personnages aussi incroyables qu’improbables…) et vise clairement un public qui ne veut pas réfléchir. Au menu : de la bagarre, des blagues, des jeunes filles peu vêtues… et c’est tout !
Mais qu’on ne s’y trompe pas, derrière ses oripeaux passablement décérébrées et ses personnages sortis d’un autre temps (le robot Twinki et ses bidi bidi bidi bidi…), BUCK ROGERS AU 25E SIECLE a mis le paquet au niveau visuel en se payant le luxe de décors clinquants pour l’époque en intérieur et extérieur, de pas mal d’effets spéciaux et de faire appel à de nombreuses stars télévisuelles de l’époque comme Gary Coleman (ARNOLD & WILLY) dans “Le Surdoué”, Buster Crabbe (le FLASH GORDON des 30’s), Roddy McDowall (LA PLANETE DES SINGES) dans “La Montagne Du Sorcier”), Richard Lynch, Victor Argo, Frank Gorshin, Peter Graves de MISSION IMPOSSIBLE etc. etc.
Bref, malgré des scenarii minces comme du papier à cigarette, la saison 1 de BUCK ROGERS AU 25E SIECLE assume clairement sa ligne directrice qui vise l’entertainment pur et dur. On sent que la série cherche à se démarquer et à ne pas faire trop d’ombre à GALACTICA, l’autre space opera télévisuel du moment (aussi crée et produit par le tandem Glen A. Larson).
Malgré tout, ce Buck Rogers “terriblement humain” est attachant tant le rôle semble avoir été taillé sur mesure pour un Gil Gerard tout bonnement parfait avec ses punchlines (maintenant éculées) et sa cool attitude tout au long de la série. Qui plus est son duo avec la belle Erin Gray dans le rôle du Colonel Wilma Deering fonctionne à merveille et tous les petits à côté de la série (comme le robot Twinki) se fondent parfaitement dans cet univers volontairement bling bling.

Certes, cette première saison se vautre allègrement dans le space opera teinté d’une comédie trop légère mais à la fin de la saison les épisodes deviennent un peu plus travaillés tels que “La Sorcière De La Guerre” et apportent un peu plus d’épaisseur à l’univers et aux personnages de BUCK ROGERS AU 25E SIECLE dans la droite lignée de l’esprit originel des comics des 30’s. Il faut dire aussi que les acteurs principaux se sont plaints à la production de la légèreté de la série…
1981. Ce sont donc sur des bases plus sérieuses que démarre cette seconde saison quasi-inédite en France (la télévision française n’a diffusé que les 25 premiers épisodes de BUCK ROGERS AU 25E SIECLE dans les 80’s et ce n’est qu’en 2001 sur Série Club que la dernière saison a été programmée pour la première fois dans l’hexagone).
Malgré un formalisme toujours aussi clinquant et tapageur (les costumes à paillettes, les lumières scintillantes…), les histoires se veulent plus sombres, plus complexes et développent de nouvelles facettes de Buck Rogers (notamment dans “Les Gardiens” où on découvre un pan de la vie des héros, notamment la mère de Buck) et dans ses relations avec la belle Wilma (l’amour reste toujours aussi platonique mais l’attraction est réelle). De même, certains personnages secondaires bien peu consistants sont purement et simplement écartés de BUCK ROGERS AU 25E SIECLE sans explication (les Dr Huer et Théopolis ainsi que la princesse Ardala…). On efface (presque) tout et on recommence, comme dirait l’autre…
Visiblement conscients de l’esprit parfois trop rigolard de la première partie de la série, les scénaristes vont donc créer de nouveaux personnages avec pas mal d’épaisseur à l’image du Professeur Goodfellow et de l’amiral Asimov ainsi que d’un petit nouveau aux côtés de Buck Rogers : Hawk, l’homme faucon. Initialement ennemis dès l’épisode “Le Temps Du Faucon”, Hawk et Buck Rogers vont finir par partager de nombreuses aventures ensemble. Hawk se place clairement comme un alter égo un peu plus sombre du héros principal qui va petit à petit éclipser Twiki, le petit robot symbole du comique de la première saison, si bien qu’au final, on ne verra le robot faire que de très rapides apparitions dans quelques épisodes ici et là (“Le Satyre”, notamment).
Grâce à ce parti pris plus sérieux, BUCK ROGERS AU 25E SIECLE va prendre pas mal de hauteur sur son scénario initial et se placer clairement dans la science-fiction de bonne facture et digne de ce nom (“Les Cristaux”, “La Main De Goral”, “Le Témoignage D’un Traître”, “La Marque Du Saurien”…)
Hélas, à cause d’une grève des scénaristes on va trouver ici et là des histoires assez peu inspirées qui se vautrent parfois complaisamment dans la facilité de la saison 1 à l’image de “Shgorapchx !” ou de “L’Homme En Or” et qui font un peu tâche à côté du reste et ce, même si le dernier épisode “Le Secret Dorian” clôture de bien belle manière la série bien qu’il est indéniable que BUCK ROGERS AU 25E SIECLE ne s’est pas achevé comme il devait l’être vu que la dernière saison ne comporte que 9 épisodes…
En définitive, malgré un univers kitch qui transpire l’outrance des années disco et des scénarii en dents de scie, la série BUCK ROGERS AU 25E SIECLE possède un charme suranné et une patine vintage qui font plaisir à (re)voir. Oui, l’univers de ce bon vieux Buck n’a pas très bien vieilli mais reste le témoin d’une époque où le space opéra et la science-fiction devenaient des valeurs sûres… 40 ans après, c’est toujours le cas !


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- Article rédigé par : Vincent TRAJAN

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