Un texte signé Nassim Ben Allal

Vietnam - 2009 - Le Thanh Son
Interprètes : Hieu Hien, Thanh Van Ngo, Hoang Phuc Nguyen, Johnny Nguyen

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Clash

Les films vietnamiens qui parviennent à se frayer un chemin jusqu’à l’hexagone, et qui plus est dans l’un des genres qui nous intéresse, sont suffisamment rares pour que leur sortie, même en DVD, constitue un petit évènement. Premier long de son réalisateur Le Thanh Son, CLASH est écrit et interprété par Johnny Nguyen. Si son nom ne nous est pas familier, les films auxquels il a participés en tant que cascadeur sont connus du grand public : de SPIDERMAN à SPIDERMAN 2 en passant par COLLATERAL, le jeune homme affiche un CV impressionnant…mais le cantonnant à l’anonymat. Aujourd’hui, il apparaît enfin à visage découvert dans un rôle consistant qu’il s’est lui-même écrit.
Saigon, de nos jours. Trinh, une jolie jeune femme, est sous l’emprise d’un parrain de la mafia locale : il l’oblige à mener à bien des missions criminelles si elle veut revoir sa fille qu’il détient. Pour cela, Trinh recrute des mercenaires. Parmi eux se trouve Quan (Johnny Nguyen), dont elle va peu à peu s’éprendre. Mais leur relation va vite se compliquer quand il devient évident que leurs motivations ne sont pas du tout les mêmes : d’un côté, une mère désespérée qui veut coute que coute récupérer sa fille, de l’autre un agent infiltré…
Dès ses premières secondes, le film de Le Thanh Son annonce la couleur : l’influence sera américaine ou ne sera pas. Montage cut, musique omniprésente (mais très datée), caractérisation des personnages par leurs actes (et leur bêtise : le gros costaud est d’emblée tourné en dérision), CLASH s’inscrit de lui-même dans le courant de la série B bourrine et efficace, version modernisée des métrages-étalons de feue la Cannon de Golan et de son cousin Globus. Si le scénario s’avère basique et d’une relative platitude tout en ouvrant le champ à de nombreuses séquences d’action, les relations entre les personnages et la psychologie des principaux protagonistes se situent un cran au-dessus de la catégorie dans laquelle s’inscrit CLASH. Ici, le manichéisme est contourné, les personnages évoluant dans des nuances de gris plutôt que dans un noir ou un blanc trop tranché. Correctement dirigés, les comédiens remplissent leur part du marché sans avoir à rougir de la concurrence occidentale et la sexy Thanh Van Ngo, remarquée dans THE REBEL, confirme tout son talent de comédienne, dotée en plus d’un sex-appeal que de nombreuses starlettes du Monde entier doivent jalouser. Secondé par un excellent directeur de la photo, le réalisateur se montre très à l’aise avec les scènes de jeu, mais livre paradoxalement des scènes d’action à double tranchant : si les fusillades sont platement illustrées, principalement en plan large ou en champ contre-champ, les bagarres à mains nues ou avec armes blanches s’avèrent incroyablement réussies. En synthétisant plusieurs styles qui ont fait leur preuves, de la sécheresse d’un JASON BOURNE aux exagérations hongkongaises, Le Thanh Son et son chorégraphe livrent de pures pépites d’empoignades viriles, entremêlant différentes techniques et s’aidant parfois d’artifices de montage pour rendre le tout encore plus percutant. Les membres sont tordus, les os craquent, les visages se tordent sous l’effet de la douleur et de la difficulté. A la fois crédibles et totalement chorégraphiés, les combats de CLASH sont la véritable plus-value d’un film plaisant et divertissant, parfois trop américanisé mais réalisé par un artisan soigneux et soucieux de son public.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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