Invasion Extraterrestre
Produit au sein du studio AIP (American International Pictures) par les fameux duettistes de la série B de l’époque, Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson, le film est l’œuvre de Edward L. Cahn, cinéaste méconnu et pourtant Ô combien prolifique. En trente et une années de carrière, du début des années trente au début des années soixante, Cahn réalise pas moins d’une centaine d’opus, épisodes de serials, de séries et films confondus. Riche, sa filmographie ne l’est pas moins en ce qui concerne le genre qui nous intéresse : de l’horreur à la science-fiction, du film de prison à celui d’aventure en passant par les bikers, Edward L. Cahn se pose comme l’un des plus grands stakhanovistes du cinéma populaire.
Par un samedi soir printanier dans une tranquille bourgade du middle west, quelques jeunes gens en goguette sont les témoins de mystérieux flashs émanant du ciel. Alors qu’ils roulent à travers bois pour rejoindre un coin calme pour se bécoter, Johnny et Joan renverse un alien dont la soucoupe s’est posée non loin. Sa voiture immobilisée (la main griffue de la créature leur a crevé les pneus), le jeune couple cherche à prévenir la police. Et alors que tout le monde se rend sur les lieux de l’accident, ce n’est pas le corps d’un alien qu’ils découvrent, mais celui d’un homme. Déterminés à prouver leur bonne foi, Johnny et Joan vont devoir retrouver la soucoupe et ses voyageurs…
Dès les premières secondes, INVASION EXTRATERRESTRE est surprenant. Interpellé par une voix tout droit sortie d’un Tex Avery avec ce ton si particulier d’un dessin animé comme LA MAISON DU FUTUR, le spectateur est plongé avec humour dans le quotidien d’une petite ville américaine typique de l’époque, avec son dinner, ses jeunes et son poivrot local. L’action démarre alors très vite avec l’arrivée inopinée d’un étrange vaisseau dans le ciel, qui, s’il n’est pas remarqué par la police, va rapidement devenir la cible d’une escouade de bidasse bien décidée à savoir d’où sort cette chose. Il en va de même pour Joe, célibataire au levé de coude facile qui pense pouvoir faire fortune en capturant un spécimen de l’espace. C’est donc dans ce joyeux ballet que Johnny et Joan, les deux tourtereaux, vont devoir prouver leur innocence. En entrecroisant les récits, le réalisateur et ses scénaristes s’amusent à faire progresser l’histoire par des situations amenant toujours plus de gags, sans oublier de ménager le suspense quant au look des extraterrestres, qui demeurent dans l’ombre (si ce n’est un bout de main par-là, l’arrière d’une tête par-ci) jusqu’à la cinquantième minute (sur les soixante-trois que compte le film). Si, au final, INVASION EXTRATERRESTRE ne raconte pas grand-chose et tourne un peu en rond, il est suffisamment drôle (les envahisseurs tuent en injectant de l’alcool à haute dose à leurs victimes) et rythmé, mis en musique comme un cartoon, pour s’avérer divertissant. A la fois daté par son approche de la science-fiction et très moderne par la distance ironique (mais toujours respectueuse) qu’il observe dans son traitement, INVASION EXTRATERRESTRE s’impose comme une friandise, une pépite parmi tous les films de genre de cet époque.
