Un texte signé André Quintaine

Mexique - 2004 - Lorena Villarreal
Interprètes : Raul Adalid, Elizabeth Avila, Rosa Maria Bianchi, Francisco Gattornor, Rodrigo Mejia

review

Las Lloronas

Alors que l’on découvre ou redécouvre le cinéma Fantastique mexicain à travers le dvd, on parle assez peu de ce qui se produit actuellement là-bas. Pourtant, alors que les coûts de production sont de plus en plus bas, on pouvait penser que plus de métrages proviendraient d’Amérique Latine. LAS LLORONAS est annoncé comme un thriller fantastique, pourtant difficile de le classer dans un genre plus qu’un autre. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il se démarque des clichés qui collent à la peau du cinéma fantastique mexicain… En effet, LAS LLORONAS ne cherche ni à copier les succès américains, ni à mettre en scène des monstres plus ringards les uns que les autres. En revanche, on y retrouve un brin d’humour, d’ironie même, qui colle parfaitement à son propos.
LAS LLORONAS nous fait rencontrer 5 femmes de 3 générations différentes mais toutes issues de la même lignée. Dans leur clan, il n’y a pas d’hommes. La raison en est simple… Une lourde malédiction pèse sur la famille. Les garçons sont voués à mourir très tôt ; seules les filles survivent. Il existe néanmoins un moyen de conjurer le sort… Il « suffirait » en effet de sacrifier un garçon nouveau-né… L’une des filles vient d’ailleurs justement de mettre au monde un beau gaillard, le souci est qu’elle ne croit pas à la malédiction.
Entre comédie de moeurs et drame familial, entre film d’auteur et film populaire, le réalisateur utilise d’abord le fantastique pour décrire son propos. On peut d’ailleurs imaginer que le Fantastique n’est pas sa spécialité tant il succombe aux effets faciles et aux clichés lorsqu’il évoque la malédiction (caméra qui bouge dans tous les sens, utilisation de teintes bleutées, etc). LAS LLORONAS reste néanmoins un film difficilement classable dans un genre en particulier. Peut-être justement pour être le plus réaliste possible. A ce sujet, on notera que la mise en scène est majoritairement exempte d’effets mode et que les acteurs sont avant tout naturels. Si son sujet n’était pas aussi grave, on pourrait presque confondre LAS LLORONAS avec un téléfilm de l’après-midi tant la mise en scène est passe-partout.
La question perpétuellement posée ici reste de savoir si ces 5 mégères sont bel et bien damnées. Certaines pensent que non, d’autres sont persuadées que oui. L’opinion du réalisateur, quant à elle, ne fait aucun doute. S’il décrit la superstition de ses 5 héroïnes de manière plutôt amusante au début du film, leur propension à l’hystérie ne mettra pas longtemps à faire surface. L’aveuglement avec lequel elles croient en la malédiction va les conduire à la mettre en oeuvre, elles-mêmes, sans avoir besoin de recourir à une quelconque magie. Leur faiblesse d’esprit aura même des conséquences encore plus désastreuses que celles qui étaient prédites. Enfoncées dans leur étroitesse d’esprit, elles continueront même à croire que les événements du film sont une manifestation de la fameuse malédiction.
Si le film commence sur un ton léger avec ses airs de faux téléfilm, c’est pour mieux sombrer lors de son final. La superstition n’est pas quelque chose à prendre à la légère. Elle est source de drames. Faire preuve de faiblesse et croire en la superstition, c’est être condamné comme ces 5 femmes, à subir et revivre éternellement le même drame. Son absence de concession en étonnera plus d’un, mais LAS LLORONAS trouve le ton juste et délivre le message clairement.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks


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