Un texte signé Sophie Schweitzer

retrospective

Le pouvoir des plantes

Sorti en 1979 sous le titre de THE KIRLIAN WITNESS, le film de l’américain Jonathan Sarno est une bizarrerie authentique, un film définitivement bis, typique d’une époque révolue. Sur un pitch improbable, et un triangle de suspicion maîtrisé, LE POUVOIR DES PLANTES, se tient parfaitement. Ce n’est pas un film de génie, mais compte tenu de son pitch improbable, le film s’en sort plutôt bien.

Pour retrouver l’assassin de sa sœur, Rilla décide d’entrer en communication avec le seul témoin du meurtre : une plante verte ! En se basant sur des méthodes de méditation, elle va faire appel à toutes les techniques possibles et imaginables. Cette enquête va la mener dans un monde peuplé de cauchemars, là où plane l’ombre de l’assassin.

Rilla, l’héroïne, comprend vite que son mari n’appréciait pas autant sa sœur qu’il s’efforçait de lui faire croire. Sa sœur était une vieille femme ne vivant que pour ses plantes et habitant sous leur toit, ce qui agaçait son époux au plus haut point. Rilla commence à se demander si, dans un accès de colère, il n’aurait pas pu la tuer. Mais il y a un autre suspect, un homme dont sa sœur semblait s’être entichée, mystérieux blondinet qui apparaît et disparaît, à la fois sombre et énigmatique. De méchants doutes s’insinuent en Rilla. Son gentil mari cacherait-il une partie sombre de sa personnalité ? Ou bien l’angélique jeune homme, turbulent et mystérieux, poursuit-il un but inavouable ?

Quel pitch ! Le seul et unique témoin d’un meurtre se révèle être une plante verte. Qu’à cela ne tienne, pour savoir qui a tué sa sœur, l’héroïne va donc interroger la plante, s’en occuper, la choyer, la passer au détecteur de mensonges. Il n’y a qu’un film bis des années 70 pour accoucher d’un tel synopsis. Sans nul doute, dès que la jeune femme applique des méthodes de méditation pour entrer en communication avec la plante, on songe immédiatement au mouvement hippie, d’autant plus que les tenues portées par les acteurs accentuent cet effet.

Indéniablement, en termes d’ambiance, il y a un parti pris « arty ». Tout d’abord, l’héroïne est photographe de métier et vit dans une ancienne usine transformée en loft qu’elle occupe avec son mari et sa sœur. Ensuite, le quartier était précédemment ouvrier et est désormais branché bobo. Enfin, c’est sans parler du fait d’aborder le plus sérieusement du monde la question d’une possibilité de communication télépathique avec les plantes vertes. Et, outre l’atmosphère arty quasi mystique, on pourrait dire que le film est assez féminin. On suit une jeune femme indépendante et affirmée, tout en se basant sur un New York sombre, où les rues semblent peu sûres. Appartenant définitivement à son époque, LE POUVOIR DES PLANTES est intéressant dans la sociologie qu’il aborde en sous-texte.

Le suspense est également plutôt bien géré. On ne sait jamais sur quel pied danser. Le classique triangle amoureux est ici revisité version thriller. Du gentil mari qui semble cacher quelque chose au mystérieux jeune homme qui s’introduit en douce chez les gens, qui est le plus dangereux ? Les deux hommes étant tout aussi menaçants, inquiétants et dangereux, tantôt l’un puis l’autre, à l’instar de l’héroïne, le spectateur en a les poils qui se dressent sur les bras. Si bien qu’on se retrouve dans le même type d’interrogation que dans TESIS. La tension palpable est relativement bien gérée, et ce jusqu’au bout, ce qui fait tenir le spectateur en haleine.

En fin de compte, le seul défaut du film réside dans son montage, relativement lent. Le manque de rythme rend le métrage quelque peu soporifique. Et c’est dommage puisqu’on finit presque par croire qu’il est possible de communiquer avec les plantes vertes… et de douter de tous les hommes tournant autour de l’héroïne… Et puis l’atmosphère de ce New York en pleine transition est également soignée et crédible, apportant une touche particulière. En réalité, c’est juste une question de plans trop longs. La mise en scène et le montage auraient pu être plus précis mais pour conclure, LE POUVOIR DES PLANTES reste un bon spectacle et rien que pour sa rareté et son originalité, il est à recommander à qui a la chance de tomber dessus.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà

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