Règlements de Femmes à OQ Corral
Encouragé par les succès financiers de ses premiers films, et désirant poursuivre son expérience de réalisateur avec toujours la même volonté de faire des films pour s’amuser, Jean-Marie Pallardy réunit à nouveau ses complices habituels le temps de deux westerns farfelus, tournés coup sur coup.
RÈGLEMENTS DE FEMMES À OQ CORRAL s’ouvre sur l’attaque d’une banque par une bande de hors-la-loi. Mais le braquage tourne mal et la situation dégénère en une gigantesque fusillade qui fait de nombreuses victimes. Hooker, le chef des pillards, et quelques-uns de ses hommes, parviennent toutefois à prendre la fuite, non sans avoir embarqué deux otages pour se couvrir, une prostituée et une jeune fille. Dès lors s’engage une traque impitoyable pour retrouver le gang et libérer les malheureuses. En plus du sheriff et de ses adjoints, deux autres hommes se lancent à la poursuite des malfrats. Le premier est Burke Malloway, le père de la jeune fille, un ex-sergent de l’armée confédérée. Fou de rage face à l’enlèvement de sa petite chérie, il est décidé à exterminer toute cette bande de canailles. Le second, plus en retrait mais non moins efficace pour pister les fuyards, est un indien solitaire, frère de la tapineuse. Avec tout ce monde à leurs trousses, les bandits ne peuvent rester longtemps cachés chez Gilda, tenancière d’un bordel, et décident de passer la frontière pour aller au Mexique…
C’est armé d’une trame classique que Pallardy signe un film hélas inintéressant. Bien que la séquence d’ouverture renvoie à LA HORDE SAUVAGE (1968) de Sam Peckinpah, toutes proportions gardées, RÈGLEMENTS DE FEMMES À OQ CORRAL se rapproche plus du western transalpin. Mais si l’Italie a été une grande pourvoyeuse du chef d’œuvre du genre durant les années 60, il en est autrement la décennie suivante. Le climat social tendu incite les studios à produire massivement des polars violents et des films politiques. La plupart des westerns encore tournés deviennent parodiques, volontairement ou non, comme le film qui nous intéresse.
Paradoxalement, l’échec du film vient de son manque d’humour franc et gras qui aurait fait tourner les trop sérieuses péripéties des personnages à la dérision. Certes on peut sourire en assistant au viol consenti d’Alice Arno sur un cheval, lorsque l’un des bandits, mordu par un serpent, s’envoie, en pleine agonie, une prostituée sous les encouragements de ses compagnons, ou encore en voyant un Pallardy légèrement bedonnant interpréter un indien solitaire. Mais dans l’ensemble, ce qui prédomine c’est l’ennui, ce qui est quand même un comble pour un film basé sur une poursuite impitoyable.
Tourné dans le sud de la France et en Italie, le film bénéficiait non seulement de beaux décors, mais aussi d’acteurs aux faciès singuliers qui, une fois la barbe, la crasse et la poussière ajoutées, se révèlent parfaits en cowboys. Du coté des actrices, Alice Arno et sa face lunaire assure le minimum syndical dans son rôle de fille facile, alors que la belle Willeke Van Ammelrooy est reléguée au lointain et sans intérêt personnage de Gilda, un vrai gâchi.
Bref, un film hautement dispensable auquel on préférera son frère de tournage, L’ARRIÈRE TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS, qui lui au moins tiendra la promesse annoncée par son titre parodique.