Un texte signé Vincent Trajan

Royaume-Uni - 1955 - Ken Hughes
Titres alternatifs : The Atomic Man
Interprètes : Gene Nelson, Faith Domergue, Peter Arne, Vic Perry, Joseph Tomelty

Dossierretrospective

Timeslip

Au fil des 50’s, la Guerre Froide, la peur du nucléaire et la menace atomique font partie intégrante de la psychose de la société moderne, et trouvera un écho retentissant dans les films de genre et les série B de la même époque.
C’est dans cette optique-là que le metteur en scène Britannique Ken Hughes (CHITTY CHITTY BANG BANG, CROMWELL, CASINO ROYALE) réalise en 1955 TIMESLIP (THE ATOMIC MAN aux Etats-Unis) en se basant sur la nouvelle de Charles Eric Maine, “The Isotope Man”.
A Londres, une nuit, un homme (Peter Arne) est retrouvé grièvement blessé par balle au pied d’une berge de la Tamise. Après avoir été conduit à l’hôpital pour y être opéré, il décèdera pendant quelques secondes avant que son cœur se remettre à battre. Interrogé par la police dès son réveil, l’homme ne semble se souvenir de rien et répond aux questions avant même qu’elles ne soient entièrement posées !
Il n’en fallait pas plus pour que l’intrépide journaliste Mike Delaney (joué par Gene Nelson qu’on retrouve aussi dans THE MOD SQUAD ou FANTASY ISLAND avec Elvis Presley) et son amie photographe Jill Rabowski (Faith Domergue, vue dans THIS ISLAND EARTH, IT CAME FROM BENEATH THE SEA ou CULT OF THE COBRA) s’intéressent cette affaire après avoir découvert par que cet homme amnésique n’est autre qu’un scientifique du nom de Rayner…
A partir de là, TIMESLIP va vite prendre la forme d’une enquête policière haletante avec quelques bribes de science-fiction ici et là (la radioactivité du Dr. Stephen Rayner, les travaux du Dr. Bressler etc.) qui va devenir une véritable course contre la montre pour sauver Londres de la destruction. Et bien que Ken Hughes reste très emprunté dans ses prises de vue très sages (limite pépères) et dans un refus de surenchère d’effets spéciaux inutiles, TIMESLIP reste très intéressant et passionnant notamment grâce à sa trame du livre de Charles Eric Maine basée sur la jonction présent / futur (le Dr Stephen Rayner vit “en avance” de sept secondes et demi) et sur la mystérieuse arrivée du double maléfique du Dr. Rayner…
De plus, à l’inverse de nombreuses œuvres de science-fiction de l’époque, il y a très peu d’éléments comiques et de surenchère grandiloquente dans TIMESLIP (mis à part la relation Jill / Mike lors de certains passages), ce qui lui donne un joli cachet réaliste de thriller noir.
En effet, Ken Hughes a parfaitement su contrebalancer le petit budget alloué au film en optant pour une approche sérieuse. Le réalisateur a d’ailleurs choisi de tourner l’ensemble aux Merton Park Studios de Londres avec une équipe spécialisée dans l’univers policier télévisuel (SCOTLAND YARD, THE EDGAR WALLACE MYSTERIES, THE SCALE OF JUSTICE…) afin d’apporter le plus de “réalisme” possible au script initial de “The Isotope Man”… et ça marche plutôt bien car TIMESLIP s’avère être pétri de bonnes intentions.
Evidemment, la pellicule souffre aussi de quelques petits défauts intrinsèques qu’on retrouve au travers de petites erreurs de montages ou dans des seconds rôles parfois un peu trop exaltés (la scène de l’explication “scientifique” du cas clinique du Dr. Rayner…), ainsi que par des ficelles assez désuètes après soixante ans de recul, mais il faut avouer qu’on se laisse prendre aisément au jeu.
Au final, bien que l’esprit science-fiction du film soit un peu laissé de côté au profit d’une trame plutôt axée sur l’espionnage et le genre policier, force est de constater que TIMESLIP est remarquablement bien ficelé grâce au script de Charles Eric Maine et rehaussé par le jeu très juste des acteurs principaux (Faith Domergue en tête).
Cette petite série B sans prétention a certes vieilli dans la forme, mais dans le fond, le sujet reste toujours aussi palpitant !


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- Article rédigé par : Vincent Trajan

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