Un texte signé Yannik Vanesse

Norvège - 2012 - Roar Uthaug
Titres alternatifs : Flukt
Interprètes : Isabel Christine Andreasen, Ingrid Bolsø Berdal, Kristian Espedal

Dossierreview

Dagmar, l’âme des Vikings

En 1363, la Norvège se relève à peine d’une effroyable épidémie de peste noire. Une famille traverse le pays, quand elle est attaquée par des brigands, dirigés par la très dure Dagmar. Seule une adolescente est laissée en vie, et emmenée par la troupe, pour être fait prisonnière.

Il s’agit du troisième long-métrage de Ruar Uthaug, après plusieurs courts. Thomas Moldestad, qui a déjà scénarisé les deux précédents longs-métrages, s’occupe aussi de celui de DAGMAR, L’AME DES VIKINGS. Ingrid Bolso Berdal a entamé une carrière internationale (on la trouve entre autres à l’affiche de HANSEL ET GRETEL : WITCH HUNTER), mais prête avec brio sa dureté et sa beauté au rôle difficile de Dagmar.

La Norvège, que ce soit dans sa littérature ou dans son cinéma, a souvent tendance à offrir des récits tristes, désespérés. Ainsi, Roar Uthaug et son scénariste Thomas Moldestad explorent les Vikings d’une manière dénuée de toute flamboyance. La Norvège est froide, sale, un charnier aride après cette pestilence qui a frappé le pays. Les brigands dirigés par Dagmar ne sont pas au grand cœur, des anti-héros se révélant plus gentils qu’il n’y paraît. Ils vivent dans un campement spartiate et sordide, et rêvent de violer l’héroïne.
Le spectateur assiste ainsi à une leçon de survie. Très classique dans son scénario, DAGMAR, L’AME DES VIKINGS prend au cœur par l’horreur désespérée de son histoire. La jeune héroïne (qui parvient avec brio à nous faire ressentir son désespoir) n’a pas le temps de faire le deuil de ses parents. Saisissant une opportunité, elle s’enfuit en compagnie d’une enfant, poursuivie par Dagmar et ses hommes. Les séquences sont tendues, prenantes, la situation désespérée. Scénario comme réalisation parviennent à faire ressentir l’horreur de ce qui se passe au spectateur, qui ne regarde pas le film mais le ressent.
Tout n’est pas parfait, bien sur, et quelques maladresses de réalisation entachent un peu le spectacle, mais sans pour autant gâcher le film. En effet, la mort de la famille du petit frère de l’héroïne, au ralentis, verse dans une surenchère de pathos un peu dérangeante, et quelques ralentis ou accélérés dans les combats, cherchant à dynamiser l’action, se révèlent maladroits, de même qu’une giclée de sang un peu ratée. Mais cela ne peut empêcher de plonger dans cette histoire sombre, dure mais passionnante, durant laquelle le spectateur apprend comment Dagmar est devenue ainsi. Nous découvrons comment sa combativité est née dans l’eau de la rivière, rivière qui fera tout autant naître la combativité du personnage principal, et qui bouclera la boucle, en un final prévisible mais symbolique.
Ainsi, la naissance de cette rage de vaincre chez l’enfant amène le dernier acte, un peu plus faible. Certes logique, il amène quelques séquences dynamiques mais faisant un peu trop penser à RAMBO. Ces moments restent intéressants, bien faits et intenses, mais légèrement en deçà de ce qui a précédé.
Au final, DAGMAR, L’AME DES VIKINGS est un très bon film d’aventure réaliste et bouleversant dans son horreur crédible et poisseuse, où la boue et le sang sont tout ce qui reste d’un pays ravagé par la maladie. Ruar Uthaug offre ici un excellent film qui se vit autant qu’il se regarde, et qui ne peut que passionner et hanter l’esprit des spectateurs.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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