Un texte signé Stéphane Pretceille

France - 2011 - Thomas SZCZEPANSKI
Interprètes : Sarah Lucide, Jellali Mouina, François Gaillard

Dossierindie-eye

The hunt

Un journaliste travaillant pour un magazine à sensation a une semaine pour rédiger un article avant d’être mis à la porte. Par le biais d’une strip-teaseuse fréquentant un notable, il se met à enquêter sur une organisation mystérieuse. Subtilisant l’identité du notable en question, il s’introduit parmi les membres de ce club obscur, avant de réaliser que leur occupation n’est autre que de participer à des chasses à l’homme. Chasseur malgré lui d’individus à qui, par sécurité, on a sectionné la langue, il se retrouve en position de tueur en puissance, armé d’un couteau de boucher et d’un arc. En voulant aider l’un de ces hommes transformés en gibier, il devient rapidement la cible des autres chasseurs.

LES CHASSES DU COMTE ZARDOFF, CHASSE A L’HOMME de John Woo ou encore QUE LA CHASSE COMMENCE, la thématique de la battue dans laquelle le chevreuil est remplacé par des marginaux, sdf, toxicos qui disparaîtront sans que personne ne s’en soucie, est un sujet archi rebattu, balisé, sans surprise.

Les motifs du film sont donc identifiés, le spectateur est bien installé pour un tour dans un manège à sensation, un grand huit, les émotions qu’il va éprouver sont connues, pour autant le plaisir est toujours réel de les ressentir à nouveau. Peut-être même que ce manège réservera des surprises, des loopings inattendus. Le réalisateur de THE HUNT se doit de remplir son cahier des charges comme par exemple une nature sauvage, oppressante, une bonne dose de sadisme des chasseurs, une palette d’instruments de morts, armes blanches, armes à feu, etc. Et potentiellement le sempiternel renversement de situation, les chasseurs se retrouvant à la place du gibier, le chassé devenant le chasseur. Le respect des codes en usage sans tomber dans le simple recopiage et la capacité à insuffler sa propre marque, c’est là où réside la principale difficulté de réaliser un film appartenant à un genre bien précis.

Au préalable, il est à noter que ce film repose sur un budget très limité. L’économie des moyens se ressent dans les premières scènes, pauvreté des intérieurs, des bureaux de journal, des appartements… Heureusement, les deux tiers du film se déroulent dans un environnement naturel. Plus problématique, le jeu des acteurs s’avère très pauvre. En effet, l’acteur principal n’est pas particulièrement sympathique. Il est à peine esquissé et semble en outre assez mal à l’aise dans son rôle. La direction d’acteurs a probablement fait défaut. Ces imperfections ne sont rien à côté d’un scénario extrêmement avare en dialogue. Le film peut parfaitement se suivre sans bande-son, on est très proche du film muet. Ce défaut, ou ce parti pris de réduire au strict minimum les dialogues du film, peut se justifier si le réalisateur parvient à instaurer une ambiance, une atmosphère. Malheureusement, ce n’est pas non plus le cas. Le film ne propose que quelques vues d’un ciel parsemé de nuages, une forêt plutôt verdoyante, lumineuse, plus propice à la promenade en famille qu’à la chasse au gibier humain et une bande-son sans caractère.

C’est un film qui souffre d’un manque assez évident de budget. Mais paradoxalement, il a ce côté boursouflé des grosses productions avec notamment des ralentis maladroits, sans réel intérêt. Il y a également ces moments incontournables de course-poursuite, quand le journaliste se nettoie le visage dans une mare après son premier meurtre ou encore la scène finale où la strip-teaseuse est en état de choc.

Ces défauts ne doivent pas occulter la sincérité de la démarche du metteur en scène, sa générosité dans des effets gores bien sympathiques, même si la dernière scène avec les cochons relève plus du grotesque que de l’horreur. La scène du début où de futures proies sont attachées sur des chaises avec des chiffons ensanglantés dans la bouche est assez angoissante et riche de promesses que malheureusement le film ne tiendra que très partiellement. Encore une fois, il est regrettable que les acteurs soient relativement inexistants et les dialogues si pauvres. On ne peut pas s’empêcher de se dire que si le réalisateur avait porté autant d’attention aux effets gores, à ces corps traversés de flèches, à ce visage écrasé par un piège à loup, à cette langue découpée par une pince qu’à son scénario et sa direction d’acteurs, son film serait d’un tout autre calibre.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Stéphane Pretceille

- Ses films préférés :

Share via
Copy link